Une bannière de l’EI dans un village proche de Rakka repris par les Forces démocratiques syriennes, en mars 2017. / DELIL SOULEIMAN / AFP

Paris et Bagdad assurent qu’aucune compensation financière n’a été versée à l’Irak pour qu’y soient jugés onze ressortissants français présumés djihadistes. En avril pourtant, des sources gouvernementales irakiennes ont fait savoir aux pays membres de la coalition anti-EI que l’Irak était prêt à juger les combattants étrangers en échange de 1,8 milliard d’euros, selon l’Agence France-Presse.

« Les Irakiens ont demandé la construction d’une prison et le financement d’une société privée pour la sécuriser. Cela coûte 1,8 milliard d’euros. Pour chaque prisonnier, cela correspond à 1 million pour un condamné à mort ou 2 millions pour un condamné à perpétuité », confirme l’expert irakien Hicham Al-Hachémi. « En outre, les Irakiens ont demandé que toutes les armes qui ont été utilisées dans la bataille en Irak restent entre leurs mains, sauf les avions de chasse, mais y compris les canons Caesar », ajoute-t-il.

A la veille de la visite du premier ministre irakien Adel Abdel-Mehdi à Paris, les 2 et 3 mai, une source à l’Elysée affirmait n’avoir « pas reçu de demande précise de la part de Bagdad pour apporter une contribution financière de la France à ce sujet ». « Les autorités irakiennes préparent une demande qui sera à la fois générale, et qui pourra ensuite être précisée pays par pays, concernant les capacités judiciaires et pénitentiaires en Irak (…). Tout ça a un coût, on peut le comprendre, pour l’Irak », ajoutait cette source.

A Bagdad, on dément le versement de contreparties. « Il n’y a pas d’accord, les Français ne veulent pas payer », indique une source proche du dossier, qui confirme qu’un « document de deux pages » a été transmis aux pays de la coalition, il y a quatre mois, comprenant « la proposition de construire une prison spéciale ».

M. Al-Hachémi invoque des divergences entre Paris et Bagdad sur un accord. « Quand M. Abdel-Mehdi était à Paris, ils lui ont menti en disant qu’ils feraient du lobbying au sein de l’Union européenne pour obtenir les 1,8 milliard d’euros, et pour faire baisser la pression entre l’Iran et les Etats-Unis. Mais rien n’a été fait », assure-t-il, précisant que les Français refusent notamment de laisser à l’Irak les canons Caesar.