Le candidat Alberto Fernandez fait le signe de la victoire devant ses militants au QG du parti « Frente de todos », à Buenos Aires, dimanche 11 août. / Sebastian Pani / AP

Le président libéral argentin Mauricio Macri a subi dimanche 11 août un lourd revers face au péroniste de centre gauche et ex-chef du gouvernement Alberto Fernandez aux élections primaires qui marquent généralement une tendance forte avant les présidentielles.

Selon des résultats partiels portant sur 58,7 % des bureaux de vote, M. Fernandez et sa colistière Cristina Fernandez de Kirchner, l’ancienne présidente du pays, ont obtenu 47,01 % des suffrages, contre 32,66 % pour le tandem composé de Mauricio Macri et du dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto.

Si un tel résultat se reproduisait lors de la présidentielle du 27 octobre, M. Fernandez, 60 ans, serait proclamé vainqueur dès le premier tour, puisque selon la loi électorale argentine il suffit pour cela d’obtenir au moins 45 % des suffrages, ou bien 40 % et une avance de dix points sur le candidat arrivé deuxième.

« Nous avons subi une mauvaise élection et cela nous oblige, à partir de demain, à redoubler d’efforts. Nous regrettons de ne pas avoir eu tout le soutien que nous espérions », a rapidement reconnu le chef de l’Etat de la troisième économie d’Amérique latine, plongée dans une grave crise économique.

« A ceux qui ont voté pour moi, je promets de travailler pour qu’ils me comprennent. Nous allons commencer une étape nouvelle », s’est pour sa part félicité M. Fernandez devant une foule de plusieurs milliers de partisans en liesse.

« Une différence (…) difficile à surmonter »

Créé en 2009, le système de primaires générales pour tous les partis politiques, le même jour lors d’un scrutin national, est une particularité argentine. Dans ce pays où le vote est obligatoire pour près de 34 millions d’Argentins, il s’agit plutôt d’un sondage grandeur nature avant les élections générales d’octobre, les partis politiques ayant choisi cette année, pour des raisons de stratégie électorale, d’investir à l’avance leurs candidats comme la loi le leur permet.

Depuis 2009, les scores des scrutins présidentiels ont été dans la ligne des scores des primaires. « Une différence de plus de cinq points sera très difficile à surmonter, car il n’existe pas de marge pour trouver des voix en raison de la polarisation » du pays, avait expliqué avant le résultat l’analyste politique Raul Aragon.

Autre particularité, des péronistes se présentaient dans trois camps différents. L’ancien ministre de l’Economie Roberto Lavagna et son colistier Juan Manuel Urtubey, qui représentaient la tendance centriste du péronisme, sont arrivés en troisième position avec 8,7 % des voix.

Le président argentin sortant Mauricio Macri à Buenos Aires, dimanche 11 août. / LUISA GONZALEZ / REUTERS

Rupture avec les politiques de gauche

Alberto Fernandez, chef du gouvernement de Nestor puis de Cristina Kirchner entre 2003 et 2008, a fait campagne en jurant avoir rompu avec les politiques de gauche suivies par le passé et s’être recentré.

A la surprise générale car elle était en tête des sondages, Mme Kirchner avait annoncé le 18 mai son retrait, laissant M. Fernandez briguer le fauteuil de président qu’elle a occupé de 2007 à 2015. Inculpée dans plusieurs affaires de corruption, l’ex-présidente conserve une influence déterminante sur le parti Unité citoyenne qu’elle a fondé et qui a investi Alberto Fernandez. Leur ticket électoral se présentait sous une bannière récemment créée et baptisée « Le Front de tous » (El Frente de todos).

Mauricio Macri, 60 ans, avait quant à lui créé la surprise en choisissant comme colistier le dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto, rompant avec sa doctrine qui l’avait conduit jusque-là à tenir à l’écart les péronistes de son gouvernement.

Au total, dix binômes étaient en lice pour la présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 27 octobre, tandis que le second est programmé pour le 24 novembre. Lors des élections générales du 27 octobre, les Argentins renouvelleront aussi partiellement les deux chambres du Parlement, dont les candidats se présentent aussi aux primaires de ce dimanche.