Plus de trois cents secouristes, épaulés par des hélicoptères, des drones, des chiens et des plongeurs, ont ratissé la zone de forêt tropicale près de l’hôtel d’où Nora Quoirin a disparu. / LIM HUEY TENG / REUTERS

Qu’est devenue la jeune Franco-Irlandaise Nora Quoirin, 15 ans ? Dix jours après sa mystérieuse disparition dans la chambre d’un hôtel de Malaisie où elle était arrivée en vacances le samedi 3 août avec ses parents, les recherches se poursuivent, mais en vain.

Plus de trois cents secouristes, épaulés par des hélicoptères, des drones, des chiens et des plongeurs, ont ratissé la zone de forêt tropicale près de l’hôtel, draguant les rivières alentour, étendant les recherches dans un large périmètre entourant le Dusun Resort, situé à une soixantaine de kilomètres de l’aéroport international de Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie.

Des chamanes locaux – les bomoh, chargés des rituels religieux chez les populations indigènes de Malaisie – se sont même joints aux recherches en début de semaine…

Des appels enregistrés par la mère de la disparue ont été diffusés par haut-parleur dans la forêt. La famille a offert une récompense de 50 000 ringgits malaisiens (10 600 euros) à toute personne apportant des informations crédibles susceptibles de favoriser le retour de la disparue.

Jeune fille « timide et introvertie »

Les autorités ont désormais restreint le périmètre des recherches, qui se poursuivent en dépit des fêtes de l’Aïd-el-Kébir dans cette fédération multiculturelle et pluriconfessionnelle où l’islam est la religion la plus importante : la police estime que l’adolescente n’a pas pu aller très loin dans cette zone de jungle où seuls les locaux peuvent s’y reconnaître.

La police et la famille de la disparue ne semblaient cependant pas, tout au moins au début, partager les mêmes vues quant aux raisons possibles de cette disparition. Les parents de Nora, dont le père est français et la mère irlandaise – tous habitent à Londres –, estiment que leur fille a probablement été enlevée. Les autorités se sont obstinées pour leur part à ranger le cas de Nora dans la catégorie « personne disparue », un terme qui laisse envisager la possibilité d’une fugue.

Une telle éventualité est catégoriquement rejetée par la famille. Dans un communiqué transmis au Monde par Pacôme Quoirin, un oncle de Nora, ses proches insistent sur le handicap mental dont souffre la jeune fille, décrite comme « timide et introvertie et pouvant très vite être angoissée par l’absence de ses proches ».

Les parents de Nora Quoirin pendant la conférence de presse, à Seremban, où ils ont offert une récompense pour des informations crédibles sur  la disparue. / HANDOUT / REUTERS

Nora Quoirin est née avec une malformation congénitale, l’holoprosencéphalie, « qui a engendré chez elle un développement incomplet du cerveau », précise le communiqué. Si elle arrive à s’exprimer en français et en anglais, son expression orale est limitée ; elle peut lire comme un enfant débutant, mais ne peut écrire. Son handicap laisse ainsi clairement penser qu’une fugue dans un milieu aussi hostile est pour le moins improbable.

« La piste criminelle enfin considérée »

Pour l’instant, la seule certitude est que Nora n’était plus dans sa chambre au début de la matinée du 4 août, le lendemain de son arrivée dans ce lieu de villégiature de luxe composé de sept bungalows en lisière de la jungle. La fenêtre de la chambre de Nora était ouverte quand ses parents se sont aperçus de sa disparition.

Selon certaines sources proches de l’enquête, un différend entre un employé et la direction de l’hôtel pourrait être une piste envisagée par les enquêteurs. La presse évoque également le bruit de moteur d’un camion qui aurait été entendu au loin, tôt le matin de la disparition.

L’agence de presse Bernama continue de mettre en avant le travail effectué par les sauveteurs, le chef de la police rappelant qu’en ces temps de fête religieuse, les musulmans devaient se rappeler les recommandations de « charité par le sacrifice ».

Dix jours après la disparition, les autorités semblent avoir modifié leurs vues : selon Pacôme Quoirin, « les moyens déployés sur place par les Malaisiens sont considérables et une coopération technique avec des experts européens est envisagée. Après une phase de recherche intense dans la jungle, la piste criminelle est enfin sérieusement considérée par les autorités malaisiennes ».

Le gouvernement de la Fédération de Malaisie a toutes les raisons de vouloir démontrer qu’elle prend soin de ses visiteurs étrangers et de donner l’image d’un pays sûr et accueillant : les 26 millions de touristes qui ont visité le pays en 2018 lui ont rapporté l’équivalent de quelque 17 milliards d’euros.