Le gouvernement australien, sous le feu de critiques pour son climatoscepticisme, a annoncé mardi 13 août, peu avant un sommet régional, qu’elle allait octroyer une enveloppe d’un demi-milliard de dollars australiens (300 millions d’euros) pour aider les pays du Pacifique à faire face au réchauffement climatique.

Le premier ministre australien, Scott Morrison, a indiqué que cette somme, tirée du budget déjà alloué à l’aide internationale, devait permettre aux îles du Pacifique d’investir dans les énergies renouvelables et de renforcer leurs capacités à lutter contre les effets du réchauffement climatique.

Cyclones dévastateurs

M. Morrison doit se rendre aux Tuvalu, archipel qui accueille de mardi à jeudi le sommet annuel du Forum des îles du Pacifique (FIP), lequel réunit seize pays d’Océanie ainsi que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, et qui devrait être largement consacré à la question des bouleversements climatiques. Car le réchauffement a des impacts bien réels pour les îles de la région.

Celles qui sont peu élevées risquent tout simplement de disparaître en raison de l’élévation du niveau des océans. Beaucoup d’autres, parfois les mêmes, sont de plus en plus régulièrement frappées par des cyclones dévastateurs.

Dépendance au charbon

Et cette année, même ses plus petits Etats membres, comme les Tuvalu, les Palaos ou le Vanuatu, se sont faits entendre pour dénoncer l’absence d’efforts de l’Australie en matière de climat.

Le premier ministre fidjien, Frank Bainimarama, a affirmé lundi que la dépendance de Canberra envers le charbon posait « une menace existentielle » pour les îles. Celles-ci ont été profondément irritées du fait que le gouvernement australien ait donné son feu vert à un projet minier très controversé du groupe indien Adani dans l’Etat du Queensland (nord-est de l’Australie), non loin de la Grande Barrière de corail, déjà très touchée par le réchauffement climatique. Ces émissions « vont s’ajouter à la pollution atmosphérique et aggraver le réchauffement climatique, lequel provoque le blanchissement » des coraux expliquait le PTerry Hughes au Monde en 2017.

Offensive de charme

De son côté, M. Morrison a défendu le bilan de son pays en matière de climat, en affirmant que l’Australie atteindrait les objectifs qui lui ont été fixés par l’accord de Paris en matière de réduction des émissions à l’horizon 2030. Lors de la COP21, à Paris, fin 2015, l’Australie avait pris des engagements modestes sur le climat : une diminution de 26 % (pouvant aller jusqu’à 28 %) de ces émissions avant 2030 par rapport à 2005.

« Les 500 millions de dollars australiens que nous investissons pour les énergies renouvelables dans le Pacifique et sa capacité de résilience face au changement climatique et aux catastrophes s’ajoutent aux 300 millions de dollars de la période 2016-2020 », a-t-il indiqué dans un communiqué. « Cela souligne non seulement notre engagement à respecter nos obligations en matière de réduction des émissions chez nous, mais aussi notre volonté de soutenir nos voisins et amis. »

L’annonce de cette enveloppe intervient alors que Canberra a lancé une offensive de charme en direction des îles du Pacifique pour contrer l’expansionnisme chinois dans la zone.

Les images du blanchissement de la barrière de corail
Durée : 00:41