Finnegan Oldfield dans « Le Poulain » (2018), de Mathieu Sapin. / BAC FILMS

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Dessinateur et reporter, Mathieu Sapin connaît bien la politique française pour avoir couvert l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en 2012 dans Campagne présidentielle, puis rendu compte de son mandat dans Le Château (éd. Dargaud). Passant des cases de la bande dessinée aux plans de cinéma, Mathieu Sapin fait aujourd’hui de cette expérience la matière de son premier long-métrage.

L’intérêt du Poulain réside dans ce qu’il révèle du regard de son auteur sur ce milieu. En suivant l’ascension d’un néophyte en politique, le réalisateur s’est débarrassé de ce qui l’encombrait – les thèmes de campagne (immigration, Europe…), les débats d’idées, les propositions politiques – pour s’intéresser à la mise en mouvement d’un vaudeville nourri par l’appétit de pouvoir et les pulsions érotiques des personnages.

C’est un parti périlleux, qui suppose une maîtrise de la mécanique comique, dont Mathieu Sapin ne fait pas toujours montre. D’autant qu’il manque au Poulain les fondations réalistes qui ont permis à Quai d’Orsay (inspiré d’un ministre des affaires étrangères ayant réellement existé), de Bertrand Tavernier, ou à la série Baron noir (sur le Parti socialiste) d’emporter la conviction.

Trahisons et compromis

C’est à des « démocrates » de fiction que le héros Arnaud Jaurès apporte son concours. Passant des mains moites d’un petit apparatchik libidineux (Philippe Katerine, qui perpétue la tradition des seconds rôles spectaculaires du cinéma français) aux griffes manucurées d’Agnès Karadzic (Alexandra Lamy), la directrice de commu­nication d’une candidate à la primaire, Arnaud (Finnegan Oldfield) se voit enseigner le b.a.-ba du mensonge institutionnel, avant de passer au niveau supérieur : trahisons et compromis. Un apprentissage de la bassesse qui provoque un peu de déprime.

Dans le rôle d’un candidat célibataire obsédé par le regard maternel, Gilles Cohen fait une création plus inattendue, qui pourrait faire pencher le film du côté de la fantaisie. Mais Mathieu Sapin veut faire croire à la justesse de cette peinture, comme en témoigne la présence, dans un second rôle, de Gaspard Gantzer, vrai conseiller à la communication de François Hollande de 2014 à 2017. Cette intrusion réaliste parachève la sensation de désenchantement absolu qui flotte sur Le Poulain.

LE POULAIN - Bande annonce officielle - Au cinéma le 19 septembre
Durée : 01:28

Le Poulain, de Mathieu Sapin. Avec Alexandra Lamy, Finnegan Oldfield, Gilles Cohen (Fr., 2017, 1 h 37). Sur le Web : www.bacfilms.com/distribution/fr/films/we-need-your-vote