Medi Bastoni, le 5 août 2019, lors de son parcours à pied de Java à Djakarta. / MEDI BASTONI / AFP

Depuis la mi-juillet, Medi Bastoni est en marche. Mais cet Indonésien de 43 ans, qui est sur le point d’achever un parcours de 700 kilomètres à pied depuis l’est de Java jusqu’à Djakarta, a choisi d’inverser le sens normal du déplacement à pied : il marche en arrière, équipé d’un rétroviseur qui permet de ne pas buter sur les obstacles que sa progression originale ne lui permettrait pas de distinguer.

Désireux d’attirer l’attention de ses concitoyens sur l’ampleur de la déforestation dans son pays, ce natif du petit village de Dono, situé dans l’est javanais, espère que ce tour de force pédestre va faire suffisamment parler de la cause environnementale pour lui permettre de remplir l’un des objectifs de son « pèlerinage » : le samedi 17 août, date prévue de son arrivée dans la capitale indonésienne, il espère pouvoir rencontrer le président Joko Widodo à l’occasion de la fête nationale commémorant la déclaration d’indépendance. Il aimerait que le chef de l’Etat, réélu pour un second mandat en avril dernier, lui remette symboliquement une graine, qu’il ira par la suite planter près de chez lui sur les flancs du mont Willis, un volcan particulièrement touché par la déforestation.

« Je suis épuisé, bien sûr, mais je suis prêt à mener un tel combat au nom des générations futures, a déclaré l’adepte de la marche arrière durant son périple. Chez moi, on est en train de perdre tous les arbres, cela vaut le coup de se fatiguer et de souffrir pour ça ! »

L’un des taux de déforestation les plus élevés de la planète

Selon un rapport de Greenpeace, l’archipel indonésien de 260 millions d’habitants enregistre l’un des taux de déforestation les plus élevés de la planète.

Durant les quatre semaines de son périple, Medi Bastoni a marché de 20 à 30 kilomètres par jour. Une vidéo circule sur Internet dans laquelle on le voit, de nuit, torche fluorescente en main, le regard rivé sur le rétroviseur, marchant le long d’une grand-route où de gros camions le frôlent à toute vitesse.

Tout le long de son parcours, il a été applaudi par des supporteurs, preuve que sa performance n’est pas passée inaperçue en ces temps de réseaux sociaux, très dynamiques en Indonésie. On lui offre des repas gratuits, des gens lui proposent de l’héberger pour la nuit. Le marcheur se lève tous les jours très tôt, pour prendre la route avant que la chaleur ne devienne par trop intolérable.

Cette marche a aussi une portée symbolique, au-delà de l’aspect spectaculaire de l’exploit sportif : pour ce père de quatre enfants, ce trajet à reculons est une manière d’inciter ses concitoyens à revenir sur le passé, au moment où l’archipel s’apprête à célébrer le 75anniversaire de la proclamation d’indépendance du 17 août 1945 et de la fin de la colonisation hollandaise.