« La Mésange bleue », par Broll &  Prascida, timbre imprimé en héliogravure. / DR/La Poste

Les trophées du timbre 2018 ont été décernés le 26 juin, lors d’une cérémonie organisée au siège du Groupe La Poste, à Paris, en présence de son PDG, Philippe Wahl. La soirée était animée par Frédéric Meunier et Ségolène Godeluck, respectivement directeur commercial et directrice de la communication de Phil@poste, la direction du Groupe La Poste chargée de l’ingénierie des timbres et qui en assure aussi la diffusion, dirigée par Gilles Livchitz.

Le public, lors de la remise des Trophées du timbre, le 26 juin, au siège de La Poste. / DR/Pierre Jullien

Plus de 27 000 votants – 47 % de collectionneurs, 53 % de femmes, d’un âge moyen de 49 ans – ont participé à l’élection des plus beaux timbres, organisée entre janvier et avril sur Internet. Il leur fallait distinguer leurs timbres préférés parus en 2018 dans quatre catégories - timbres à l’unité, blocs, carnets, collectors - ainsi que la plus belle oblitération (timbre à date grand format illustré).

Rappelons que La Poste imprime à Boulazac, près de Périgueux, en Dordogne, près de 1,7 milliard de timbres chaque année, dont 500 millions issus de carnets ou qui relèvent du « programme philatélique », publié tous les ans au Journal officiel sous la forme d’un arrêté ministériel.

La Mésange bleue, conçu par le studio d’illustration Broll & Prascida, a été élu plus beau timbre pour 2018.

« Centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 », par Damien Cuvillier. Impression en héliogravure. / DR/La Poste

Le trophée du plus beau bloc a été attribué au dessinateur de bande dessinée Damien Cuvillier, pour le Centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.

Collector « Simone Veil », par l’Agence Huitième jour. Impression en offset. / DR/La Poste

Le trophée du plus beau collector revient à l’agence de publicité Huitième jour, pour Simone Veil, une femme d’exception.

Carnet « Mickey & la France », par l’Agence Luma. Ilustration de Joé Lozano. / DR/La Poste

Le trophée du plus beau carnet de timbres récompense l’agence de communication Luma pour la création de Mickey & la France… Un carnet qui s’ajoute à un timbre anniversaire de bien meilleure facture mais qui échappe à la distinction suprême.

Feuille du timbre du 90e anniversaire de Mickey, avec une dédicace de son créateur, Félix Sikora. / DR/La Poste

« Il n’était pas incongru que Phil@poste émette un timbre pour les 90 ans de la plus célèbre des petites souris, analyse le mensuel Atout timbres dans sa livraison estivale. D’autant que la création graphique par Félix Sikora, élève de l’école ECV Paris, qui avait remporté le concours de création mis en place par Disney était très réussie… La stratégie s’est surtout révélée gagnante sur le plan commercial puisque 5,3 millions d’exemplaires du carnet de douze timbres autocollants Mickey & la France ont été vendus »

Une oblitération conçue par Broll & Prascida. / DR/La Poste

Les oiseaux de nos jardins, une création du studio d’illustration Broll & Prascida (Anne-Charlotte Laurans) remporte la victoire dans la catégorie des oblitérations.

Parallèlement à cette élection, Phil@poste a choisi de décerner deux prix « taille-douce », attribués à un timbre-poste et à un bloc-feuillet imprimés selon cette technique. La taille-douce reste le procédé le plus artistique d’impression des timbres. Contrairement à la typographie (taille d’épargne), ce sont les creux qui impriment. En France, les premiers timbres parus en 1849 étaient imprimés en typographie. Le premier timbre gravé et imprimé en taille-douce a été émis en 1928, au profit de la Caisse d’amortissement, que les philatélistes ont baptisé « Le Travail ».

Le plus beau timbre « gravé » paru en 2018: « Céramiste », dans la série des « Métiers d’art ». Dessin de Florence Gendre. Gravure en taille-douce de Line Filhon. / DR/La Poste

Ainsi, le prix du plus beau timbre en taille-douce est revenu à la graveuse Line Filhon et à l’illustratrice Florence Gendre pour le Céramiste (série des métiers d’art).

Trophée du plus beau bloc « gravé »: conception de Sylvie Patte et Tanguy Besset. Impression mixte offset/taille-douce (réédition de timbres anciens imprimés dans de nouvelles teintes). / DR/La Poste

Le prix du plus beau bloc en taille-douce a été attribué à l’atelier de création graphique Patte & Besset (Sylvie Patte et Tanguy Besset), pour Paris Philex 2018.

Enfin, un prix spécial a été remis à l’artiste Yseult « YZ » Digan, dessinatrice du nouveau timbre d’usage courant à l’effigie de Marianne, dévoilé à Périgueux le 19 juillet 2018 par le président Macron.

Ce palmarès, éclectique, ne contredit guère une analyse – sévère - que faisait il y a déjà vingt ans le dessinateur et graveur Jacques Jubert, « meilleur ouvrier de France en taille-douce » en 1986, dans les colonnes du Monde des philatélistes : « Les émissions successives de nos timbres forment une suite incohérente d’images, regroupées par année sans notion éditoriale unifiante, ni dans le choix des thèmes, ni dans celui des styles » (« France : de beaux timbres ? », Le Monde des philatélistes n° 540, mai 1999). Et de poursuivre : « Le timbre gravé se raréfie au profit des techniques reproductives d’une haute technologie, certes, mais qui suscitent peu d’élan, tant leurs produits sont confondus dans la surabondance d’images commerciales »…

Vingt ans plus tard, les choses n’ont guère changé. L’association Art du timbre gravé (ATG), présidée par Pascal Rabier, qui compte près de 700 cotisants, regrette ainsi la situation lors de son assemblée générale du 8 juin : « En 2018, il n’y a eu que dix timbres et cinq blocs gravés en taille-douce, il y en avait vingt-quatre et six blocs en 2017 [sur des dizaines de timbres de collection]. On revient à un chiffre que l’on a déjà connu en 2005. L’assemblée générale mandate le président et le conseil d’administration d’intervenir auprès de tous les partenaires de la philatélie pour les sensibiliser »… Un combat qui n’est pas gagné d’avance.

Pour sa part, en 2002, l’historien Alain Chatriot (Guide de lecture du panorama des timbres-poste français, avec Michel Coste, La Poste, 2002) constatait que « le sentiment d’éclatement de la production philatélique, adaptée à un public segmenté de consommateurs-cibles, peut laisser perplexe. Il paraît cependant qu’ainsi le timbre se rapproche assez directement de la vie de la société. La dimension patrimoniale s’efface sans doute en partie devant l’image médiatique (…) ».

Collector hors commerce édité à l’occasion de la cérémonie des Trophées du timbre 2018. / DR/La Poste

On notera qu’à l’occasion de cette manifestation, un collector hors commerce, au tirage très limité, était offert au public qui avait fait le déplacement, avant qu’un courrier de remerciement, avec la photo des artistes récompensés aux allures de prêt à poster, ne soit envoyé aux participants… Les collectionneurs tiennent là leurs raretés du jour !

Carte postale illustrée représentant l’ensemble des gagnants. / DR/La Poste