Des membres de la tribu waiapi en octobre 2017. / APU GOMES / AFP

Les résultats préliminaires de l’autopsie du chef indigène Emyra Wayapi risquent d’enflammer la communauté. Retrouvé mort fin juillet en Amazonie brésilienne, il serait probablement mort par noyade, son corps ne portant aucune trace de violence, a annoncé vendredi 16 août la police fédérale. « Aucune lésion traumatique qui aurait pu entraîner la mort n’a été trouvée », a déclaré la police, qui attend les résultats des examens toxicologiques dans les trente jours.

D’après les indigènes, le chef avait pourtant été tué au cours de l’intrusion violente d’une cinquantaine de mineurs clandestins, des garimpeiros, dans leur village de Mariry (Etat d’Amapa, dans le nord), situé à 200 kilomètres de la frontière avec la Guyane française. Le chef wayapi avait été retrouvé mort le 23 juillet dans une rivière et les membres de sa tribu avaient autorisé son exhumation et autopsie.

Un territoire riche en or et convoité

Une trentaine de policiers et médecins légistes ont été mobilisés pour clarifier les circonstances de cette mort, qui a eu un écho international. Le président Jair Bolsonaro avait assuré qu’il n’y avait « aucun indice fort » d’homicide du chef indigène, tandis que la haut-commissaire des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, avait lié la mort du cacique à la politique favorable du chef de l’Etat brésilien à l’extraction minière en Amazonie. Les Wayapi vivent dans une zone reculée de l’Amazonie riche en or, manganèse, fer et cuivre, qui fait l’objet de convoitises depuis des années.

Dans les années 1980, un territoire à l’usage exclusif des indigènes a été délimité par les autorités. Mais depuis qu’il a pris ses fonctions en janvier, Jair Bolsonaro est accusé par les indigènes et de nombreuses ONG de sacrifier l’Amazonie aux intérêts des lobbies des industries minière, agroalimentaire et forestière qui l’ont soutenu durant sa campagne électorale. Contrarié par la démarcation de territoires indigènes qui, selon lui, entravent le développement économique du pays en maintenant les Indiens dans des conditions « préhistoriques », le chef de file de l’extrême droite brésilienne n’a de cesse de répèter qu’il compte bien « légaliser » l’orpaillage dans ces réserves.