L’« Open Arms » est bloqué depuis 17 jours devant l’île italienne de Lampedusa. / ALESSANDRO SERRANO / AFP

L’Open Arms est bloqué depuis dix-sept jours devant l’île italienne de Lampedusa, entre la côte tunisienne et la Sicile, et son errance ne semble pas prête de s’arrêter. Alors que l’Italie refuse de laisser accoster le navire, le gouvernement espagnol a proposé, dimanche 18 août, d’accueillir les 107 personnes restant à son bord dans le port d’Algesiras, à l’extrême sud du pays, face à « l’inconcevable décision des autorités italiennes de fermer tous ses ports ».

Mais cette offre a rapidement été jugée « absolument irréalisable » par Laura Lanuza, porte-parole de l’ONG espagnole Proactiva qui opère le bateau humanitaire : « Comment voulez-vous que nous fassions 950 milles, soit environ cinq jours de plus, pour se rendre à Algésiras, le port le plus éloigné de la Méditerranée, avec une situation insoutenable à bord ? » a tweeté dimanche le fondateur de l’ONG, Oscar Camps.

« Les ports espagnols ne sont ni les plus près, ni les plus sûrs pour l’Open Arms », a admis Madrid, reconnaissant que si son offre était acceptée, le navire en aurait pour plusieurs jours de navigation avant d’atteindre Algésiras. « Mais l’Espagne est pour l’instant le seul pays disposé à l’accueillir dans le cadre d’une solution européenne », a ajouté Madrid.

Le ministère espagnol des affaires étrangères a toutefois lancé parallèlement, dans un communiqué, un dernier appel « aux autorités italiennes pour qu’elles autorisent le débarquement » des migrants.

La France propose d’accueillir 40 personnes « en besoin de protection »

Au-delà de cette question du port où pourrait accoster le bateau se pose celle de l’accueil des personnes à son bord. Samedi, le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini (extrême droite), avait concédé à contrecœur l’autorisation de débarquer à 27 mineurs non accompagnés. Ces derniers « seront évacués par les garde-côtes de Lampedusa », avait alors tweeté l’ONG. Mais il a réitéré son refus de laisser le navire accoster et de débarquer la centaine de migrants restant à son bord, faute, selon Rome, d’engagements concrets d’autres pays européens pour les accueillir.

Six pays européens ont pourtant accepté de les recevoir. Mais malgré les contacts intensifs entre la Commission européenne et ces derniers (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne), « aucun pays européen n’a fait de pas formel pour accueillir les migrants se trouvant à bord », avaient alors déploré des sources du ministère de l’intérieur italien, citées par l’Agence France-Presse.

Samedi, Matteo Salvini avait concédé à contrecœur l’autorisation de débarquer à 27 mineurs non-accompagnés. / ALESSANDRO SERRANO / AFP

Dimanche, la France a fait un nouveau pas en avant en s’engageant à accueillir 40 personnes sur les 107 restantes, sous réserve qu’elles soient « en besoin de protection » et qu’elles remplissent donc les critères pour obtenir le statut de réfugié, indique le ministère de l’intérieur. Encore faudrait-il qu’elles arrivent bien à Algésiras, à défaut de pouvoir débarquer en Italie.

« La coordination de la solidarité est maintenue » entre les pays qui se sont engagés à recueillir les migrants, souligne-t-on Place Beauvau. Une mission de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sera déployée dans les prochains jours en Espagne si le bateau accoste bien à Algésiras.

L’Ocean Viking, bateau humanitaire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières parti le 4 août de Marseille, n’a quant à lui toujours pas trouvé de solution pour faire débarquer 356 migrants secourus en mer. Le bateau se trouve un peu plus au nord, à mi-chemin entre Malte et l’île de Lampedusa.

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