Bien sûr, ce n’était là qu’un premier match de préparation, à un mois de la Coupe du monde au Japon. Bien sûr, les Ecossais avaient laissé au repos leurs habituels demis de mêlée et d’ouverture (Greig Laidlaw et Finn Russel). Il n’empêche : le XV de France peut déjà se satisfaire de sa soirée niçoise et de sa victoire aisée sur l’Ecosse (32-3), samedi 17 août. De quoi accumuler un peu de confiance, cette substance rare qui lui a tant fait défaut ces derniers temps.

Cinq essais à zéro (trois en première période, deux en seconde), pas de blessure grave, une météo clémente pour tout le monde (23 degrés)… ce stade de Nice, d’ordinaire dévolu au football, a bien réussi au rugby français. « Et ils sont où, et ils sont où, les Ecossais ? », s’est même cru obligé de demander le public, sans doute par sollicitude.

La rencontre « a répondu en partie » aux questions que posait la préparation physique des Bleus, en stage depuis le 25 juin pour certains, depuis le 6 juillet pour d’autres. « En partie », selon le sélectionneur Jacques Brunel, parce qu’il a tout de même observé « des débuts de crampes » ici ou là. Par exemple chez l’ailier droit Damian Penaud, contraint de céder sa place en fin de partie, mais soulagé néanmoins : « La’prépa’a été très, très dure, on appréhendait un peu ce premier match ».

Réservistes à l’honneur

Il y a eu du rythme. Des courses diverses et variées. Des sorties de balle probantes. Une défense solide. Et autant de bonnes nouvelles pour cette équipe qui sort d’une accablante quatrième place au Tournoi des six nations. Brunel, plus détendu qu’à l’accoutumée en conférence d’après-match, a loué « l’efficacité » des siens : « Par le passé, on franchissait en moyenne entre sept et huit fois par match et on marquait une fois, généralise l’entraîneur. Là, aujourd’hui, on franchit dix fois et on marque cinq fois. » De différentes manières, précisons-le : en bout de ligne par Maxime Médard (auteur d’un doublé), aussi bien qu’après un maul, avec Grégory Alldritt à la conclusion (quoique d’ascendance écossaise par son père).

Cette victoire récompense les expérimentations de Jacques Brunel et de Fabien Galthié, son nouvel adjoint, et futur successeur après la Coupe du monde. D’entrée de jeu, un exemple fulgurant : Alivereti Raka, l’ailier d’origine fidjienne, disputait pour la première fois un match en équipe de France ; deux minutes à peine lui ont suffi pour inscrire le premier essai du match, sur une mauvaise remise en jeu écossaise.

La troisième ligne a également validé le test. Cet assemblage inédit associait le Rochelais Grégory Aldritt, le Toulousain François Cros et le Toulonnais Charles Ollivon. Sur le papier, le premier nommé fait partie des trente-et-un joueurs convoqués en priorité pour préparer le Mondial. Les deux autres font partie des six réservistes. « Tous les mecs auront leur chance, le staff composera, mais c’est bien pour lui d’avoir plusieurs choix possibles », laisse entendre Cros.

« Un socle », pour Poirot

Jefferson Poirot espère déjà faire de ce premier succès « un socle », et c’est un pilier qui le dit. Le Bordelais avait samedi, pour la première fois, la responsabilité du capitanat avec les Bleus. Il remplaçait dans ce rôle le talonneur Guilhem Guirado, forfait pour cause de blessure (côte fracturée) ; comme les troisièmes lignes Wenceslas Lauret et Yacouba Camara (ischio-jambiers) ou encore le demi de mêlée Maxime Machenaud (cuisse).

Contre l’Ecosse, une fois de plus, une toute nouvelle charnière a aussi pris place. Deux finalistes sortants du championnat de France : à la mêlée, le Toulousain Antoine Dupont (un essai ce soir) ; à l’ouverture, le Clermontois Camille Lopez. Quant à Wesley Fofana et Gaël Fickou, ces deux trois-quarts centres n’avaient plus joué côte à côte en équipe de France depuis 2015… « Quand tout le monde a le même état d’esprit, ça marche », tranche Damian Penaud.

A défaut d’avoir joué dans un stade comble (malgré cette délocalisation sur la Côte d’Azur), ce XV de France aura quelque peu rassuré l’assistance. Prochain test à Edimbourg, pour un match retour contre l’Ecosse, samedi 24 août, avant de recevoir l’Italie à Saint-Denis, six jours plus tard. Soit les deux seules nations que les Bleus avaient dominées lors du dernier Tournoi des six nations. Opposition fragile, donc. Mais idéale, du moins ce soir, pour la confiance…