Une vingtaine de médecins hospitaliers appellent à rappatrier en Europe la production des principes actifs et à mettre en place des plans de prévention des médicaments les plus importants. / FRED TANNEAU / AFP

Une vingtaine de médecins et professeurs hospitaliers se sont inquiétés, dans une tribune au Journal du Dimanche, de récentes pénuries de médicaments, et ont appelé à imposer aux laboratoires la constitution de stocks pour les remèdes les plus cruciaux.

« Très rares il y a une dizaine d’années, les pénuries de médicaments se multiplient », affirment les 26 signataires, qui s’inquiètent que 868 « signalements de tensions ou de ruptures d’approvisionnement » aient été relevés en 2018 dans les hôpitaux, soit « vingt fois plus qu’en 2008 ».

Or « les malades sont les premières victimes » de ces pénuries concernant « des médicaments du cancer, des antibiotiques, des corticoïdes, des vaccins, des traitements de l’hypertension, des maladies cardiaques, du système nerveux… », ajoutent-ils.

Rapatrier une production délocalisée en Inde et en Chine

« Ces pénuries ne touchent pas les très chères innovations thérapeutiques mais des médicaments peu coûteux qui, bien qu’anciens et tombés dans le domaine public, constituent toujours l’essentiel de la pharmacopée », ajoutent-ils.

S’ils saluent les mesures mises en place ces dernières années, notamment l’obligation imposée aux laboratoires pharmaceutiques de mettre en place des plans de gestion des pénuries, ils estiment que « l’efficacité de ces mesures apparaît jusqu’alors dérisoire ». « Ces plans visent à gérer les pénuries et non à les prévenir », ajoutent-ils.

Les signataires demandent donc que soient imposées aux laboratoires pharmaceutiques titulaires de l’autorisation de mise sur le marché « la constitution et la gestion de stocks » de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). Ils appellent également à ce que « soit rapatriée en Europe la production des principes actifs », délocalisée en Inde et en Chine, et demandent la création d’un « établissement pharmaceutique à but non lucratif, si possible européen ». Une telle structure permettra « de prévenir les pénuries et sera la garante de la qualité des médicaments et de prix justes et pérennes », assurent-ils.