La Turquie a envoyé des troupes en Syrie pour répondre à l’offensive du régime syrien dans la province d’Idlib. / OMAR HAJ KADOUR / AFP

La Turquie a envoyé, lundi 19 août, un convoi militaire d’une cinquantaine de véhicules dans le sud de la province d’Idlib, en Syrie, en représailles à l’entrée de troupes du régime syrien dans la ville de Khan Cheikhoun.

Cette région, qui échappe toujours au contrôle de Damas, est dominée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) et abrite des groupes rebelles proturcs. Elle est la cible, depuis fin avril, de bombardements quasi quotidiens du régime syrien et de son allié russe. Dimanche, les forces prorégime sont entrées dans le nord-ouest de Khan Cheikhoun, pour la première fois depuis 2014.

Or la région d’Idlib est censée être protégée par un accord sur une « zone démilitarisée », conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou. Mais cet accord n’a été que partiellement appliqué, les djihadistes ayant refusé de se retirer.

Raids russes et syriens

L’envoie de ce convoi par la Turquie a provoqué la colère de Damas. « Des véhicules turcs chargés de munitions (…) ont pris la direction de Khan Cheikhoun pour secourir les terroristes », a de son côté fustigé une source au ministère syrien des affaires étrangères, citée par l’agence officielle SANA. « Ce comportement hostile du régime turc n’affectera en aucun cas la détermination de l’armée syrienne », a ajouté la même source.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des raids russes et syriens ont même été menés non loin du convoi pour tenter de l’empêcher de poursuivre son chemin. La Turquie a d’ailleurs « fermement » condamné lundi cette attaque qui a causé la mort de trois civils. « Nous condamnons fermement cette attaque qui est en contradiction avec les accords existants, la coopération et le dialogue avec la Russie », a déclaré le ministère turc de la défense dans un communiqué.

D’après ce dernier, la Russie avait été informée en amont de l’envoi de ces véhicules qui devaient ravitailler l’un des postes d’observation établis par la Turquie à Idlib en vertu d’accords conclus avec Moscou. « En dépit d’avertissements répétés que nous avons adressés à la Russie, les opérations militaires menées par les forces du régime continuent à Idlib, en violation des mémorandums existants et des accords passés avec la Russie », poursuit le ministère dans son communiqué.