Battu par Joe Biden, battu par Bernie Sanders, battu par Elizabeth Warren, battu également par Kamala Harris : Donald Trump a peu apprécié les résultats du sondage de Fox News publié le 15 août qui envisageait plusieurs cas de duels avec des candidats démocrates pour la présidentielle de 2020. Sur le chemin de son retour de vacances, dimanche 18 août, il a donc épanché un courroux teinté de menaces. « Fox News n’est plus ce qu’elle était », a pesté le président des Etats-Unis qui l’a longtemps encensée et qui en a fait une courroie de transmission de son administration. « Fox a changé, mes pires sondages sont toujours venus de Fox. Quelque chose se passe en ce moment, je vous le dis, et je ne suis pas content », a-t-il ajouté.

Décidément loquace, Donald Trump a énuméré ses griefs, dont l’ouverture de la chaîne conservatrice à des voix classées dans le camp démocrate comme celle de Donna Brazile, ancienne dirigeante du parti et longtemps accusée par le président d’avoir selon lui outrageusement favorisé Hillary Clinton durant les primaires de 2016 face à Bernie Sanders.

« Pathétique », « méchant »

Il avait réagi au quart de tour, un peu plus tôt, sur Twitter, à l’intervention d’un chroniqueur, Juan Williams, qui avait jugé « brutale » sa gestion des négociations commerciales avec la Chine. Un type « pathétique », « méchant » et « qui se trompe tout le temps », avait-il commenté. « Il ne dit jamais rien de positif sur moi », a-t-il ajouté devant les journalistes qui l’accompagnaient.

La colère présidentielle a poussé l’un d’eux a lui demander si « les Murdoch », propriétaires de la chaîne, ne devraient pas changer sa direction. « Ils doivent [la] gérer comme ils le souhaitent. Mais Fox est différent. Cela ne fait aucun doute. Et je pense qu’ils commettent une grave erreur, car Fox a été très mal traitée par les démocrates, très, très mal, en ce qui concerne les débats [le Parti démocrate a refusé qu’elle en organise pour les primaires] et d’autres choses », a-t-il poursuivi. « Et je pense que Fox fait une grosse erreur, a insisté le président, parce que, vous savez, c’est moi décide pour les très gros débats » de l’élection présidentielle. « Je suppose que nous en prévoirons probablement trois », a-t-il glissé, laissant entendre qu’il pourrait éventuellement s’opposer à une candidature de la chaîne.

Interruption des meetings

Le désamour du président pour un mastodonte dont de nombreux animateurs ne masquent pourtant pas une complicité outrancière avec lui s’est accompagné ces dernières semaines par des éloges appuyés pour une chaîne autrement plus confidentielle, One America News Network (OANN) que son fondateur, Robert Herring présente depuis le 9 août sur son compte Twitter comme « la préférée du président ». Il a tenté de pousser son avantage le 16 août en s’engageant à ne jamais interrompre avant la fin la diffusion d’un meeting de Donald Trump, ce que Fox News avait justement fait la veille à l’occasion d’une réunion publique dans le New Hampshire.

Il est pourtant peu probable que la brouille avec la chaîne conservatrice résiste à la campagne à venir. Donald Trump se compliquerait en effet la tâche en se privant du puissant mégaphone que lui procure Fox News auprès de l’électorat blanc, rural et plutôt âgé qui constitue sa base.