Une femme déplacée de la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, porte un enfant alors qu’elle se promène dans le camp de personnes déplacées d’Al-Hol, dans le gouvernorat d’Al-Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 18 avril 2019. Délogées lors d’une dernière offensive menée par une force terrestre dirigée par les Kurdes et des frappes aériennes de la coalition, des milliers d’épouses et d’enfants de combattants de l’Est ont envahi un groupe de villages syriens au sud du camp d’Al-Hol au cours des derniers mois. Parmi les nombreux Syriens et Irakiens, quelque 9 000 étrangers sont détenus dans une section clôturée du campement, sous la surveillance des forces kurdes. / DELIL SOULEIMAN / AFP

Il s’agit de la première initiative du genre entre les Kurdes syriens et Berlin. Les autorités semi-autonomes kurdes en Syrie ont remis lundi 19 août à l’Allemagne quatre orphelins de familles de combattants du groupe Etat islamique (EI).

« L’administration semi-autonome a remis quatre enfants orphelins à une délégation du gouvernement allemand », a rapporté à l’Agence France-Presse Fanar Kaeet, un responsable des affaires étrangères au sein de l’administration kurde, lors d’une conférence de presse au poste de Simalka, situé entre la Syrie et le Kurdistan irakien. C’est la « première fois » que les autorités kurdes remettent à Berlin des membres de familles de djihadistes allemands, a-t-il ajouté.

Trois des quatre enfants sont orphelins des deux parents, tandis que le dernier, un nouveau-né dont la mère « est encore en vie », a été remis en raison de « son état de santé critique », a fait savoir M. Kaeet. Il s’agit de trois filles, dont deux sœurs, et un garçon, tous âgés de moins de 10 ans, selon les autorités kurdes.

Un porte-parole du ministère des affaires étrangères allemand a rapporté que les quatre enfants avaient quitté la Syrie. Ils ont été accueillis à la frontière syro-irakienne par une équipe du consulat allemand à Erbil, et seront remis à des membres de leurs familles en Allemagne, a-t-il précisé.

Rapatriements au compte-gouttes

Depuis la chute en mars du « califat » de l’organisation Etat islamique (EI), la communauté internationale est confrontée au casse-tête du rapatriement des familles des djihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak.

Quelque 12 000 étrangers venant de 30 à 40 pays — 4 000 femmes et 8 000 enfants — sont parqués principalement dans le camp d’Al-Hol, administré par les autorités kurdes qui réclament leur rapatriement dans leur pays d’origine. Jusque-là, des rapatriements ont eu lieu au compte-gouttes face à la réticence des pays étrangers, notamment occidentaux, à accueillir des personnes affiliées à l’EI.

En juin, six orphelins belges de familles de djihadistes ont ainsi été remis à Bruxelles, une première pour la Belgique. Quelques jours plus tôt, douze enfants de djihadistes français, dont dix orphelins, avaient été rapatriés par les autorités françaises. Paris avait déjà rapatrié cinq orphelins en mars. Ces derniers mois, d’autres pays, comme l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Kosovo, ont rapatrié plusieurs dizaines de leurs ressortissants.

Plusieurs ONG décrient régulièrement les conditions de vie dans les camps du nord-est de la Syrie. En juillet, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a qualifié la situation d’« apocalyptique » dans ces camps, demandant aux Etats de rapatrier les femmes et enfants de djihadistes étrangers.