Un secouriste à la recherche de Simon Gautier près de Policastro, Italie, le 16 août 2019. / SOCCORSO ALPINO E SPELEOLOGICO ITALIANO / AFP

Pourquoi le randonneur français disparu en Italie, Simon Gautier, n’a-t-il été retrouvé que neuf jours après avoir appelé les secours ? La géolocalisation fait partie de la vie quotidienne de tous les utilisateurs de smartphone, qu’il s’agisse de se faire livrer son dîner, de commander un véhicule avec chauffeur où de trouver l’itinéraire le plus court entre deux adresses. Pourtant, les secours italiens n’ont pas pu utiliser cette fonctionnalité devenue ordinaire pour repérer plus rapidement le jeune homme.

Si Simon Gautier est mort de ses blessures rapidement après sa chute d’après les résultats de l’autopsie pratiquée après la découverte de son corps, dimanche 18 août, l’incapacité des autorités à repérer sa position pendant plus d’une semaine pose question alors même qu’il avait appelé à l’aide lui-même avec son téléphone portable. Il se trouve en effet que les secours italiens ne disposent pas d’un système permettant la géolocalisation automatique des appels qui leur sont destinés. Cette technologie, la localisation mobile avancée ou AML, l’acronyme anglais généralement utilisé, a déjà été adoptée dans treize pays de l’Union européenne, Royaume-Uni compris.

Zones de recherche d’un rayon de 50 mètres

Ce dispositif qui peut être porté par les systèmes d’exploitation iOS et Android permet l’envoi immédiat aux secours de toutes les informations de localisation disponibles au moment où une personne fait appel à eux et sans action préalable de sa part. Les smartphones commercialisés actuellement sont donc prêts, mais les secours italiens n’utilisent pas l’AML. Après la disparition de Simon Gautier, les recherches ont donc été guidées par un système de localisation à l’antenne-relais, ne pouvant s’appuyer que sur la localisation de l’émetteur sur lequel l’appareil qu’il a utilisé avait borné. Cette méthode est d’autant plus imprécise que, dans les zones inhabitées comme celle où se trouvait le randonneur lors de l’accident qui lui a coûté la vie, les antennes-relais sont très éloignées les unes des autres.

L’European Emergency Number Association (EENA), un organisme privé basé à Bruxelles qui promeut l’adoption par les services de secours européens de l’AML, s’est saisi du cas de Simon Gautier pour défendre la généralisation de cette technologie, sur Twitter en particulier.

Initiatives locales en France

Le directeur de l’EENA, Simon Paris, a estimé sur le même réseau social que les coûts occasionnés par la mise en place de cette technologie étaient dérisoires au regard des vies qui pouvaient être sauvées par son utilisation. La précision garantie par l’AML est, en effet, mise en avant par ses promoteurs comme bien plus importantes que celle qu’offrent des méthodes utilisées actuellement. Selon l’EENA, au Royaume-Uni, premier pays européen à avoir adopté l’AML, dans 85 % des cas, le système permet de délimiter une zone de recherche d’un rayon de 50 mètres au plus. La zone de recherche sillonnée par les secours après la disparition de Simon Gautier était de 140 kilomètres carrés.

L’Italie comme la France où les secours ne disposent pas non plus de cette technologie devront quoi qu’il en soit l’adopter à terme. Un règlement de la Commission européenne pris en 2019 prévoit, en effet, la mise en place obligatoire de l’AML. Il doit entrer en vigueur dans chacun des pays membre d’ici la fin de l’année 2020. Les implications de ce changement sont susceptibles d’être importantes dans la mesure où ils pourraient se traduire par la centralisation au sein d’une plate-forme unique des services d’urgences actuellement organisés sur une base départementale, comme le rappelle France Bleu.

Des initiatives ont toutefois déjà été lancées dans l’Hexagone. Les pompiers du Morbihan et du Var ont ainsi développé une application baptisée Geoloc18_112, aboutissant à des résultats similaires grâce à un échange de SMS entre les secours et la personne qui les appelle. Ce système qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs cas connaît toutefois d’importantes limites. Un suraccident ou une perte de conscience de la personne en danger après son appel au secours peut, en effet, le rendre inopérant.