Le président birman gracie 83 prisonniers politiques
Le président birman gracie 83 prisonniers politiques
En Birmanie, le nouveau pouvoir veut tourner la page des emprisonnements de conscience après des décennies de domination militaire.
Dimanche 17 avril, le gouvernement a gracié 83 prisonniers politiques. | SOE ZEYA TUN / REUTERS
Le président birman, Htin Kyaw, a gracié, dimanche 17 avril, quatre-vingt-trois prisonniers politiques à l’occasion du nouvel an, confirmant la volonté du nouveau pouvoir de tourner la page après des décennies de pouvoir militaire.
- Qui sont les prisonniers graciés ?
« Les quatre-vingt-trois prisonniers amnistiés aujourd’hui par le président sont des prisonniers politiques et des prisonniers concernés par des affaires politiques », a déclaré à l’AFP Zaw Htay, directeur adjoint du cabinet présidentiel.
Parmi eux figurent cinq journalistes condamnés à dix ans de prison en 2014 pour un article accusant l’armée de produire des armes chimiques, ce qu’avaient démenti les autorités. Les peines, dénoncées par les défenseurs des droits humains, avaient ensuite été réduites à sept ans.
- La priorité du nouveau gouvernement
Htin Kyaw, un proche d’Aung San Suu Kyi, est devenu à la fin de mars le premier chef d’Etat civil de la Birmanie, après près d’un demi-siècle de pouvoir militaire. Le président est considéré comme la doublure de la Prix Nobel de la paix, empêchée de devenir présidente en raison d’une Constitution héritée de la junte.
Aung San Suu Kyi avait annoncé dans un communiqué, jeudi 7 avril, qu’elle allait « s’efforcer de faire libérer immédiatement les prisonniers politiques, les activistes et les étudiants sous le coup d’accusations liées à leurs activités politiques ». La ministre des affaires étrangères, a fait son annonce en sa qualité de nouvelle conseillère d’Etat, l’un des postes clés qu’elle s’est attribués.
Au début du mois, les autorités ont abandonné les poursuites engagées contre près de deux cents activistes politiques, dont des dizaines d’étudiants qui ont passé plus d’un an en détention en raison d’une manifestation contre une réforme de l’éducation.
Un étudiant birman à sa sortie de prison. Dimanche 17 avril, le gouvernement a gracié 83 prisonniers politiques. | SOE ZEYA TUN / REUTERS
- Des dizaines de prisonniers de conscience encore embastillés
L’emprisonnement de dissidents par les militaires est l’une des raisons pour lesquelles le combat de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) avait obtenu le soutien croissant des Birmans. Le gouvernement sortant, composé essentiellement de généraux de l’ancienne junte, avait fait libérer, depuis 2011, des centaines de prisonniers politiques dans le cadre du processus de démocratisation. Mais des dizaines d’autres personnes avaient été arrêtées ces derniers temps, notamment des étudiants protestataires, dont les manifestations avaient été brutalement réprimées par la police au printemps 2015.
D’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), des dizaines de prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux, et des centaines d’autres militants sont en attente d’un procès.