Changement de gardes devant le palais Quirinal, où se déroulent les consultations du président de la République italienne Sergio Mattarella avec les partis politiques présents au Parlement, jeudi 22 août. / Alessandra Tarantino / AP

L’Italie s’est lancée, jeudi 22 août, dans une deuxième journée de consultations pour chercher une solution à la dissolution de la coalition gouvernementale entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S) officialisée par la démission, mardi, du président du conseil Giuseppe Conte.

Doté par la constitution italienne d’un droit de veto sur l’équipe gouvernementale et de la possibilité d’appeler à de nouvelles élections en décidant de la dissolution du Parlement, le président de la République Sergio Mattarella est le seul maître du rythme à donner aux négociations. Il doit continuer, jeudi, ses entrevues avec les cinq principales formations politiques dans son palais du Quirinal.

La perspective de nouvelles élections à l’automne, objectif affiché de l’ancien ministre de l’intérieur Matteo Salvini, dont les virulentes critiques envers ses partenaires ont provoqué la fin à la coalition, n’enchante guère Sergio Mattarella : la troisième économie de la zone euro, très endettée et dont la croissance est à l’arrêt, devrait affronter au même moment la phase délicate d’élaboration du budget 2020. Des mesures doivent impérativement être adoptées pour éviter une hausse automatique de la TVA l’an prochain, faute d’avoir auparavant comblé un trou budgétaire évalué à 23 milliards d’euros.

Le Parti démocrate discute avec le M5S

Le scénario le plus probable est donc celui d’une nouvelle majorité entre les mêmes forces en présence au Parlement. La première formation de gauche, le Parti démocrate (PD) a proposé dès mercredi une alliance au M5S, lâché par M. Salvini, le 8 août, après quatorze mois de cohabitation au sein de l’exécutif.

Le M5S n’a pas répondu immédiatement, laissant planer le doute. Même si, compte tenu de son affaiblissement – il est tombé de 32 % au printemps 2018 à environ 15 % d’intentions de vote dans les sondages –, retourner aux urnes dès maintenant serait, selon les analystes, très risqué politiquement.

Au Parlement toutefois, les Cinq Etoiles sont toujours « le premier parti » disposant d’une « majorité relative » sur laquelle bâtir un nouveau pacte de gouvernement. Le parti démocrate de Nicola Zingaretti a posé cinq conditions pour une coalition de l’ensemble de la gauche avec le M5S : outre « une appartenance loyale à l’Europe », le respect de la « centralité du Parlement », une croissance respectueuse de l’environnement, un changement de cap radical dans la gestion des migrations et un virage économique vers davantage de redistribution et d’investissements, le PD exige que le prochain exécutif ne soit pas dirigé par le président du conseil sortant.

Si Giuseppe Conte est très populaire en Italie (il bénéficiait en juillet d’une cote de 54 % d’opinions positives, selon les sondages), poussé par les Cinq Etoiles qui le considèrent comme un « serviteur de la Nation dont l’Italie ne peut se passer », M. Zingaretti, pour sa part, lui reproche d’avoir accepté sans ciller pendant ses quatorze mois de mandat les diktats antimigrants de Salvini.

Matteo Renzi se tient en retrait

D’autres noms circulent pour la présidence du conseil : ceux du président de la Chambre des députés, Roberto Fico du M5S, de l’ancien juge anticorruption Raffaele Cantone ou bien, pour la première fois en Italie, celui d’une femme. Pour favoriser l’union PD-M5S dont il a eu l’idée, l’ex-premier ministre Matteo Renzi – qu’une bonne partie des Cinq Etoiles détestent – a déjà dit qu’il resterait en retrait.

Une autre hypothèse verrait la formation d’une majorité extralarge et pro-européenne, rassemblant la gauche et la droite, à la manière des coalitions allemandes. L’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, ex-premier ministre, a proposé un gouvernement « Ursula », du nom de la nouvelle présidente de la Commission de Bruxelles, l’Allemande Ursula von der Leyen. L’exécutif pourrait être élargi à Forza Italia, le parti de centre droit de Silvio Berlusconi, pratiquement moribond, mais qui peut offrir de précieux sièges parlementaires.

Comment Matteo Salvini est devenu l’homme fort de l’Italie
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