Dessin d’artiste datant du 6 mars 2014, d’après les observations de Bêta Pictoris. / F. REDDY / AFP

Elle est trois mille fois plus massive, et près de seize fois plus grande que la Terre. Une nouvelle planète géante a été débusquée autour de la jeune étoile Bêta Pictoris, qui brille à 63,4 années-lumière de la Terre, selon une étude publiée lundi 19 août dans la revue Nature Astronomy.

C’est la deuxième fois que l’équipe d’Anne-Marie Lagrange, chercheuse du Centre national de recherche scientifique (CNRS) à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble, découvre une planète géante dans ce système planétaire. La première, repérée en 2009, avait été baptisée Bêta Pictoris B. Cette « petite sœur, presque jumelle », prend logiquement le nom de Beta Pictoris C, a expliqué Anne-Marie Lagrange à l’Agence France-Presse. Selon les scientifiques, les deux planètes sont encore en cours de formation.

Méthode « des vitesses radiales »

Visible à l’œil nu et depuis longtemps connue pour sa rotation rapide, l’étoile Beta Pictoris est devenue célèbre dans les années 1980. C’est elle qui a en effet permis à des astronomes d’obtenir la première image d’un disque de poussière et de gaz entourant une étoile, vestige du nuage primitif qui lui a donné naissance.

De plus, le système planétaire dont elle fait partie, vieux d’environ vingt millions d’années – soit bien peu comparé aux 4,6 milliards d’années du Système solaire – pourrait ressembler à ce que devait être notre monde juste après sa formation. « Ce système planétaire est sans doute le meilleur pour comprendre leur formation et évolution précoce », explique ainsi Anne-Marie Lagrange, autrice principale de l’étude publiée dans Nature Astronomy.

Bêta Pictoris C a été détectée de manière indirecte grâce au spectrographe Harps (High Accuracy Radial velocity Planet Searcher – chercheur de planètes par vitesses radiales de haute précision), un chasseur de planètes de l’Observatoire européen austral (ESO) installé au Chili. Les chercheurs ont utilisé la méthode dite « des vitesses radiales », qui consiste à détecter dans le spectre d’une étoile les perturbations causées par la présence autour d’elle d’un corps céleste.

Huit heures de jour

Les chercheurs ont pu déterminer que Bêta Pictoris C, logée entre son étoile et sa grande sœur, orbite relativement près de Bêta Pictoris, dont elle fait le tour en à peu près mille deux cents jours. Mais selon l’étude « plus de données seront nécessaires pour obtenir des estimations plus précises ».

Selon des travaux parus en 2014, Bêta Pictoris B orbite autour de son étoile hôte à une distance équivalant à huit fois la distance qui sépare laTerre du Soleil et tourne sur elle-même à au moins 100 000 km/heure, soit près de soixante fois plus vite que la Terre. La durée du jour n’y excède pas huit heures.