Brexit, « gilets jaunes », sommet du G7…, Macron aborde les dossiers de la rentrée
Brexit, « gilets jaunes », sommet du G7…, Macron aborde les dossiers de la rentrée
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Alors que la France accueille dans quelques jours le sommet du G7, le président de la République est revenu sur de nombreux sujets d’actualité mercredi devant des journalistes.
A quelques jours de l’ouverture du sommet du G7 – qui réunit du 24 au 26 août les dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon – à Biarritz, le président de la République, Emmanuel Macron, a abordé les principaux sujets d’actualité, nationaux et internationaux, devant l’association de la presse présidentielle, mercredi 21 août.
Il a notamment averti le premier ministre britannique, Boris Johnson, que la France ne souhaitait pas renégocier l’accord sur le Brexit « dans les termes proposés par les Britanniques ». Il est également revenu sur les violences policières survenues ces derniers mois en France et a ouvert la porte à un retour de la Russie dans le G8.
- Brexit : les demandes faites par Boris Johnson « ne sont pas une option »
Alors qu’il reçoit le premier ministre britannique jeudi à l’Elysée, le président français, lors de cet entretien avec la presse, a demandé à Boris Johnson des « clarifications » sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Le président français a également insisté sur la nécessité pour Boris Johnson de faire évoluer ses demandes, car « la renégociation dans les termes proposés par les Britanniques n’est pas une option qui existe. Et cela a toujours été affirmé très clairement par le négociateur » de l’UE, Michel Barnier.
Pour les Européens, la priorité est de sauvegarder « l’intégrité du marché européen » et « la stabilité de l’Irlande » sur la base du « Good Friday Agreement », l’accord de paix signé en Irlande du Nord, a-t-il insisté. Pour lui, un « Brexit dur », sans accord au 31 octobre, « serait la responsabilité du gouvernement britannique », qui « a toujours la possibilité jusqu’à la dernière seconde de retirer l’article 50 », sur lequel repose le Brexit. La France s’est « préparée » à ce scénario : « Tous les textes ont été passés, nous sommes à l’heure. On a embauché les douaniers, les experts vétérinaires… »
- Sommet du G7 : parler de « relance budgétaire », notamment avec l’Allemagne
Pour soutenir une économie mondiale fragilisée, M. Macron a annoncé qu’il souhaitait que les dirigeants du G7 discutent d’une relance budgétaire. « On doit se poser la question pour les pays qui en ont la capacité, de la pertinence d’une relance budgétaire, c’est un sujet qui est posé à l’Europe, à la France (…), à l’Allemagne, et d’autres pays, nous avons ici une interrogation profonde », a déclaré le chef de l’Etat.
A l’adresse de son homologue étas-unien, Donald Trump, qui ne cesse d’exhorter la Réserve fédérale à baisser ses taux, le président français a déclaré que « notre politique monétaire nous a amenés à des niveaux de taux qui sont aujourd’hui nuls, à la frontière technologique de son efficacité », avant de s’interroger sur « comment on maintient et on relance la croissance internationale ».
- Russie : « Il est pertinent qu’à terme la Russie puisse rejoindre le G8 »
Exclue en 2014 du G8 – devenu ainsi le G7 –, après l’invasion de la Crimée, la Russie pourrait bientôt faire son retour au sein de ce sommet. « Il est pertinent qu’à terme la Russie puisse rejoindre le G8 », a estimé M. Macron. « Le divorce a été acté au moment de l’invasion de l’Ukraine. La condition préalable indispensable [à une réadmission de Moscou] est qu’une solution soit trouvée en lien avec l’Ukraine sur la base des accords de Minsk. »
« Dire “la Russie sans conditions doit demain revenir à la table”, c’est en quelque sorte acter la faiblesse du G7 », a ajouté le président.
« C’est dire que les sept pays qui ont décidé il y a cinq ans de mettre à l’écart la Russie ont acté que cela n’avait aucune efficacité, donc que la Russie peut revenir sans aucun problème. Ce serait une erreur stratégique pour nous. »
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, s’est déclaré mardi favorable au retour au G8 avec la réintégration de la Russie, estimant que c’était « bien plus sensé », sans évoquer de préalable particulier. Pour Emmanuel Macron, qui a reçu lundi pendant deux heures le président russe, Vladimir Poutine, « il faut nous atteler à régler le conflit ukrainien ». « Le sujet étant traité, il ne faut pas multiplier les préconditions ». « Le rôle de la Russie est important (…) Le fait de réinclure dans ces formats [de discussions internationales] est efficace et je pense utile. »
Toutefois à Berlin, où se sont rencontrés mercredi la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre britannique, Boris Johnson, les deux dirigeants ont affiché leur scepticisme sur le sujet. Si Mme Merkel a reconnu quelques « légers mouvements » dans l’application des accords de paix en Ukraine orientale, elle estime que « nous n’avons pas encore assez avancé ».
- Violences policières : « repenser » les méthodes d’intervention
Interrogé sur les violences policières dans la crise des « gilets jaunes » ou encore la mort de Steve Maia Caniço le 21 juin à Nantes, M. Macron a dénoncé des « blessures inacceptables » chez les manifestants et chez les policiers. « Cela doit nous conduire à repenser certaines méthodes d’intervention, à les relégitimer si besoin. » Mais « je souhaite que la justice soit partout et la transparence avec », a-t-il poursuivi.
« J’ai entendu le rapport par le Défenseur des droits [Jacques Toubon] et je recevrai les médecins qui m’ont interpellé sur ce point », a-t-il précisé, évoquant aussi l’enquête en cours, qui a été délocalisée, sur la mort de Steve Maia Caniço : « Il n’y a pas de liberté s’il n’y a pas d’ordre public. Notre police a agi dans ce cadre. »
- Crise politique à Rome : « L’Italie mérite des dirigeants à la hauteur »
« Quand on s’allie à l’extrême droite, à la fin c’est toujours l’extrême droite qui gagne », a lancé mercredi le président français, Emmanuel Macron. « L’Italie mérite des dirigeants à la hauteur » de ce « grand peuple », a-t-il insisté.
L’Italie a plongé en pleine crise politique depuis que le premier ministre, Giuseppe Conte, a démissionné mardi, mettant fin au premier gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue, après avoir accusé le leader d’extrême droite Matteo Salvini d’avoir été « irresponsable » en déclenchant la crise.
- Taxation des GAFA : des groupes ayant « un statut de paradis fiscal permanent »
Le président français, qui défendra au G7 en France ce week-end une taxation mondiale des grandes entreprises du numérique, a dénoncé un système « fou », qui laisse des acteurs économiques mondiaux de premier plan avoir « un statut de paradis fiscal permanent ».
« Les acteurs mondiaux du numérique ne contribuent pas fiscalement au financement du bien commun, ce n’est pas soutenable », a martelé M. Macron, expliquant en avoir discuté lundi avec son homologue américain Donald Trump, qui s’est farouchement opposé ces dernières semaines à la taxe sur les grands groupes technologiques, généralement américains, votée par la France.
- Manifestations à Hongkong : une discussion « franche » avec Pékin en novembre
La situation à Hongkong, théâtre de manifestations depuis deux mois, fera l’objet d’une discussion au sommet du G7 et d’un échange « franc et sincère » en novembre avec le président chinois, Xi Jinping, a prévenu M. Macron.
« Nous aurons évidemment une discussion, une expression sur ce sujet » lors du sommet organisé à Bayonne ce week-end. « J’en ferai aussi un sujet de discussion très franc et très sincère avec le président Xi Jinping lorsque je m’en rendrai en Chine au mois de novembre », a-t-il déclaré.