Les écrivains n’ont plus le dernier mot
Les écrivains n’ont plus le dernier mot
Par Christine Rousseau
Des Etats-Unis à la France, une plongée passionnante et revigorante dans l’univers de la « Fanfiction » (lundi 18 avril, à 23 h 30, sur France 4).
Des Etats-Unis à la France, une plongée passionnante et revigorante dans l’univers de la « Fanfiction » (lundi 18 avril, à 23 h 30, sur France 4).
Quelle que soit l’issue, incapables de s’extraire d’un roman, d’un film ou d’une série, ils ont décidé de faire fi du point final apposé par l’auteur et de prolonger leur plaisir, plume en main, en poursuivant l’histoire et en s’appropriant des personnages à qui ils offrent une seconde vie pour le seul plaisir de la (re)création. Eux, ce sont les adeptes de la « fanfiction » : un phénomène culturel qui a débuté sous la forme de fanzines dans les années 1970, après l’arrêt de la série « Star Trek », avant de prendre toute son ampleur au début des années 2000 avec Internet. On dénombre ainsi aujourd’hui environ 7,5 millions de suites de Harry Potter ou encore 250 000 de Twilight, dont la plus célèbre « fanfiction » n’est autre que Cinquante nuances de Grey, d’E. L. James.
Que recouvre ce phénomène, désormais étudié aux Etats-Unis, mais aussi en France, même si la « fanfiction » est interdite en raison du droit d’auteur ? Quels en sont ses principes, ses courants, son langage ? Quels profils et motivations ont ceux qui la pratiquent ? Comment les différents acteurs – en particulier les écrivains et les éditeurs – l’appréhendent-ils ? Pour répondre à toutes ces questions, Emmanuelle Debats s’est rendue aux Etats-Unis, terre d’élection de la « fanfiction », afin d’y rencontrer ceux qui l’étudient, comme Anne Jamison, professeur de littérature à l’université de l’Utah, et, bien sûr, ceux qui la pratiquent avec ferveur, qu’ils soient écrivains en herbe ou de renom, telle la délicieuse auteur de science-fiction Jaqueline Lichtenberg, qui fut une des pionnières.
Des vertus éducatives
Si ce versant américain se révèle éclairant dans la manière dont les femmes s’en sont emparées, tout comme les minorités, leur permettant ainsi de « se projeter dans la culture dominante », le versant français abordé dans un second temps se révèle tout aussi passionnant dans ces implications éditoriales – même l’honorable maison Gallimard, à travers la collection « Folio SF », n’y est pas indifférente. Surtout, la « fanfiction » démontre ses vertus éducatives, comme le souligne une professeure de lettres de collège qui, par ce truchement, enseigne George Orwell. « Plus qu’une histoire d’écriture, c’est une histoire de lecture » et d’appropriation des textes pour le moins revigorante.
Fanfiction, ce que l’auteur a oublié d’écrire, d’Emmanuelle Debats (Fr., 2015, 65 min). Lundi 18 avril, à 23 h 30, sur France 4.