L’ONU veut que les pays touchés par le virus Zika donnent accès à la contraception et à l’avortement
L’ONU veut que les pays touchés par le virus Zika donnent accès à la contraception et à l’avortement
Le Monde.fr avec AFP
L’ONU a demandé aux pays touchés par le virus Zika d’autoriser aux femmes l’accès à la contraception et à l’avortement.
Tout comprendre au virus Zika en 4 minutes
Durée : 04:12
Trois personnes sont mortes à cause du virus Zika en Colombie, a-t-on appris vendredi 5 février. L’Organisation des Nations unies (ONU) a demandé aux pays touchés par le virus d’autoriser aux femmes l’accès à la contraception et à l’avortement.
Risque pour les femmes enceintes
L’ONU a demandé aux pays touchés par le virus Zika, soupçonné de provoquer des malformations congénitales, d’autoriser l’accès des femmes à la contraception et à l’avortement. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme vise en particulier les Etats d’Amérique du Sud, dont beaucoup n’autorisent ni l’avortement ni la pilule, et qui ont pourtant conseillé aux femmes d’éviter de tomber enceintes.
« Le conseil adressé aux femmes de retarder la grossesse ignore le fait que beaucoup d’entre elles n’ont tout simplement pas le pouvoir de décider si ou quand elles veulent tomber enceintes dans un environnement où la violence sexuelle est monnaie courante », a souligné le haut-commissaire de l’ONU, le Jordanien Zeid Ra’ad Al-Hussein.
Provoquant des symptômes grippaux chez l’adulte, Zika peut se transmettre chez les femmes enceintes au fœtus, et provoquer une terrible malformation, la microcéphalie.
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Trois morts en Colombie
Bogota a annoncé la mort de trois patients ayant contracté le virus Zika et souffrant du syndrome neurologique de Guillain-Barré. Le ministère de la santé a évoqué un « lien de causalité » entre ce virus et cette pathologie, qui provoque un dysfonctionnement du système immunitaire et s’attaque au système nerveux, pouvant conduire à des paralysies.
La Colombie est le deuxième pays, après le Brésil, le plus touché par l’épidémie. C’est la première fois qu’un responsable gouvernemental attribue des morts au virus, qui se propage de manière exponentielle en Amérique latine par les moustiques de type Aedes.
Martha Lucia Ospina, directrice de l’Institut national de la santé (INS), a ajouté que « six décès » étaient « en cours d’étude ». « D’autres cas vont apparaître », a-t-elle averti, et elle a souligné que « le monde se rend compte que Zika est cause de mortalité. Pas très élevée, mais oui, il est cause de mortalité. »
La menace de la transmission par voie sexuelle
Les autorités de santé américaines ont recommandé vendredi aux personnes de retour de pays où sévit le virus Zika d’utiliser des préservatifs ou de s’abstenir d’avoir des relations sexuelles. Les nouvelles recommandations des Centres de contrôle et de prévention des maladies américains (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) visent tout particulièrement les femmes enceintes et leur partenaire, ainsi que celles en âge de procréer inquiètes à propos du virus Zika.
Ce virus se transmet majoritairement par une piqûre d’un moustique infecté, mais les CDC ont admis cette semaine qu’une personne avait attrapé Zika par voie sexuelle au Texas. Le conjoint de cette personne avait été infecté par le virus lors d’un récent voyage au Venezuela.
L’avortement soumis à condition dans de nombreux pays
Au Brésil, où l’épidémie est dévastatrice, le débat sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été relancé. Le droit à l’avortement est encore très restreint dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, souvent influencés par l’Eglise catholique :
- au Brésil, l’IVG est interdite sauf en cas de viol, de mise en danger de la vie de la mère, et en cas d’anencéphalie (absence de cerveau), une malformation condamnant les nouveau-nés à ne survivre que quelques minutes après l’accouchement ;
- en Colombie, l’avortement est autorisé en cas de viol, de danger pour la santé de la mère ou de malformation du fœtus ;
- en Equateur et en Jamaïque, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de danger pour la santé de la mère ;
- au Paraguay, au Honduras, au Guatemala, au Suriname, à Haïti et au Venezuela, l’IVG est uniquement autorisée dans les cas où la vie de la mère est en danger ;
- au Salvador, l’avortement est totalement interdit et même puni par des peines allant jusqu’à quarante ans de prison ;
- en Guyane et en Martinique, qui sont des départements français, l’avortement est accessible à toute femme jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse.