Véronique Roy, mère d’un jeune parti en Syrie dans les rangs de l’EI
Véronique Roy, mère d’un jeune parti en Syrie dans les rangs de l’EI
Elle est l’une des invités de l’émission « Dialogues citoyens », jeudi soir, face au président de la République, François Hollande.
François Hollande face à Véronique Roy, mère d’un jeune parti en Syrie dans les rangs de l’EI, jeudi 14 avril sur France 2.
Invitée de l’émission « Dialogues citoyens », face au président de la République, François Hollande, Véronique Roy est la mère de Quentin, un jeune homme de 23 ans, originaire de Sevran (Seine-Saint-Denis), qui serait mort en janvier dans une opération-suicide dans les rangs de l’organisation Etat islamique (EI). C’est par un simple message sur WhatsApp que cette directrice de clientèle dans le secteur de la presse a appris la nouvelle. Son fils avait quitté la maison depuis le 22 septembre 2014.
Avec son mari, Thierry, d’origine haïtienne, représentant en cosmétiques, les Roy ont vu leur vie chamboulée par le départ de leur fils puis par l’annonce de sa mort. Jusque-là, les Roy menaient une existence tranquille dans un petit pavillon situé à deux pas de cités en difficulté de Sevran.
De tradition catholique, ils ne se sont jamais opposés à la conversion de leur fils. Ils ont même plutôt fait le choix de rester très présents à ses côtés en l’accompagnant dans sa nouvelle foi. Mais très vite, ils ont été dépassés par sa pratique religieuse, qui est devenue de plus en plus rigoriste.
Le droit de se porter partie civile
La particularité des Roy, c’est qu’ils estiment que leur fils a été victime d’un « recruteur » originaire de Sevran. Un jeune homme dont ils pensent connaître l’identité, qui était un de ses amis de longue date, et qui l’a emmené à l’aéroport le jour de son départ.
A ce titre, la famille Roy estime être une victime collatérale du phénomène de la radicalisation, de la montée en puissance de l’EI, et elle réclame le droit de se porter partie civile dans l’enquête judiciaire actuellement à l’instruction à Paris.
Une démarche compliquée, car sur le plan judiciaire, les personnes qui partent faire le djihad sont d’abord considérées comme des auteurs potentiels d’exactions. Leur mort n’est pas reconnue car il existe peu de moyen de le vérifier.
Les services de renseignement redoutent toujours que leur mort ne soit pas avérée, et qu’elle serve d’alibi à d’ex-djihadistes pour revenir en France sous des identités d’emprunt. Jusqu’à présent, aucun proche de quelqu’un parti pour le djihad en Syrie ou en Irak n’a ainsi réussi à se constituer partie civile dans un dossier terroriste.
L’enquête judiciaire en cours à Paris concerne le cas de Quentin Roy, mais aussi le départ pour la Syrie de plus d’une dizaine de jeunes originaires de Sevran ces dernières années. L’individu considéré par la famille Roy comme un éventuel « recruteur » a été interpellé depuis et mis en examen. Mais l’enquête doit encore déterminer son rôle exact.
Au-delà de cette instruction, la famille Roy est très engagée sur la question de la « radicalisation ». Véronique Roy a témoigné dans le cadre de l’initiative du gouvernement « stop djihadisme ». La famille Roy dénonce par ailleurs plus largement la montée de l’intégrisme religieux en banlieue.