Chine : Tu veux un prêt ? Envoie-moi un selfie de toi dénudé
Chine : Tu veux un prêt ? Envoie-moi un selfie de toi dénudé
LE MONDE ECONOMIE
Le développement des plates-formes de prêts de particulier à particulier donne lieu à toutes les pratiques. Certains intermédiaires vont jusqu’à demander des photos nues comme garantie pour des prêts.
Lili est un peu fauchée. Quand cette étudiante chinoise voit sur Internet une publicité pour des prêts en ligne, elle n’hésite pas, malgré le taux d’intérêt de 30 % par semaine. Elle n’a besoin que de 500 yuans (68 euros). Mais elle peine à les rembourser à temps. Son usurier lui propose un nouveau prêt. Ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle lui doive 55 000 yuans (7 500 euros). L’agent, pressant, lui demande alors comme garantie une photo d’elle nue, carte d’identité en main. Lili n’a d’autre solution que d’accepter. Quand l’échéance suivante arrive, l’usurier la menace d’envoyer la photo à ses parents, dont il a exigé le contact dès le premier prêt.
L’histoire de Lili, un pseudonyme, est racontée par le Southern Metropolis Daily dans son édition du 13 juin, avec captures d’écran à l’appui. Depuis, d’autres titres ont fait le test et se sont rapidement vu demander ces gages d’un genre plus que particulier.
Suicide d’un étudiant criblé de dettes
En avril, le suicide d’un étudiant criblé de dettes avait attiré la lumière sur les pratiques de ces plates-formes de finance en ligne. Les étudiants ont peu accès aux prêts bancaires en Chine, mis à part des prêts à faibles taux aidés par l’Etat, mais limités à un quota d’étudiants sous condition de ressources. Les autres se tournent vers des plates-formes de prêts de particulier à particulier. Celles-ci ont des règles censées limiter les risques de surendettement, mais les étudiants éconduits peuvent passer par des agents.
Ces intermédiaires peu scrupuleux font leur publicité directement dans les universités. Ils savent mentir pour contourner les règles, offrant aux jeunes les prêts qu’on leur a refusés ailleurs. Payés à la commission, ils ont tout intérêt à pousser leurs clients à emprunter davantage, quitte à s’adresser à différentes plates-formes pour brouiller les pistes. La plupart des plates-formes limitent les intérêts à 24 % par an, déjà cinq fois plus que les banques traditionnelles, d’après le Southern Metropolis Daily.
La finance en ligne a explosé ces dernières années en Chine. En 2015, 982 milliards de yuans ont transité à travers ces plates-formes. Beaucoup sont des coquilles vides, fonctionnant comme des pyramides de Ponzi (les nouveaux dépôts paient les intérêts des dépôts précédents). Un tiers des 3 600 plates-formes enregistrées actuellement est en difficulté.