Education : trouver sa vocation dans le dédale de ses passions
Education : trouver sa vocation dans le dédale de ses passions
Faites ce qui vous plaît ! Est-ce la bonne voie pour amorcer une carrière professionnelle épanouissante ? Alors que les cérémonies de remise des diplômes se multiplient, dans le « New York Times », une psychologue apporte son analyse sur le choix de ce moment charnière à l’aube d’une vie d’adulte.
La remise des diplômes à l'université Columbia, à New York. | Flickr / llee_wu
Lancés de couvre-chefs, discours de félicitations… dans les écoles et les universités américaines, voici revenue la saison des cérémonies de remise des diplômes (graduation ceremony). Un genre de cérémonie également en vogue en France depuis une douzaine d’années, et pas seulement dans les filières gestion ou management. Courrier Expat revient sur les temps fort de ces grands-messes : le discours que le commencement speaker [le premier orateur] adresse aux tout nouveaux diplômés et dont l’un des motifs quasi-obligé peut se résumer dans cette formule : « Faites ce qui vous passionne. »
Dans le New York Times, la psychologue Angela Duckworth rétorque :
« Excellent conseil, à condition de savoir ce qui vous passionne vraiment. Mais si ce n’est pas le cas ? Si vous comptez sur un discours de remise des diplômes pour vous orienter, vous risquez d’être plongé dans un abîme de perplexité à la fin de la journée. »
Un processus long et imprévisible
Spécialiste de la « psychologie du succès », Angela Duckworth a publié en mai dernier Grit. The Power of Passion and Perseverance (Ténacité. Le Pouvoir de la puissance et de la persévérance, Ed. Scribner, inédit en français), un ouvrage qui rend compte d’une quinzaine d’années de recherches. Grit, c’est couramment en anglais le courage, l’énergie, le cran. Au sens où l’entend la psychologue, le mot désigne plus précisément ce composé de passion et de persévérance qui permet seul d’atteindre des objectifs à long terme – un trait de caractère selon elle plus indispensable à la réussite que ce qu’on a l’habitude d’appeler le talent, et qu’il serait heureusement possible de cultiver.
La remise des diplômes à l'université Columbia, à New York. | Flickr / llee_wu
Angela Duckworth s’appuie sur des recherches portant notamment sur le cas de chefs d’entreprise, de scientifiques ou d’artistes dont le succès est reconnu à l’échelle mondiale pour apporter deux correctifs à la formule rebattue.
D’abord, pour que la passion naisse et s’épanouisse, il faut très généralement du temps. Jeunes diplômés, si vous ne savez pas encore vers quelle carrière vous tourner, pas de panique !
Quand elle est sortie de Smith College [à Northampton, dans le Massachusetts], la célèbre cuisinière Julia Child n’imaginait pas qu’elle tomberait amoureuse de la cuisine française à presque 40 ans. Elle ne se doutait pas que l’écriture de livres de cuisine et l’enseignement de la cuisine à la télévision deviendraient un jour sa vocation.
Rendre le monde meilleur
Le premier job décroché après l’obtention du diplôme a toutes les chances de ne pas être le dernier. Il n’est que la première étape d’un processus relativement imprévisible où l’erreur et l’approximation vont jouer leur rôle.
Ensuite, les études tendent à montrer que les intérêts personnels ne constituent pas à eux seuls une motivation suffisante. « Les données recueillies auprès de milliers d’Américains adultes démontrent que ceux qui sont animés d’une passion durable approuvent des propositions telles que celles-ci : “Quand je pense à ce que je veux faire, je tiens toujours compte de ce qui pourra être utile à d’autres personnes” et “J’ai la responsabilité de rendre le monde meilleur.” »
Demander à un jeune diplômé de songer à ce qu’il aimerait que l’on dise de lui après sa mort peut sembler incongru. « C’est pourtant une perspective qui peut vous aider à comprendre ce que vous devez faire tant que vous avez le temps de le faire », écrit Angela Duckworth.