Euro 2016 : Bac philo, option foot, par Albrecht Sonntag
Euro 2016 : Bac philo, option foot, par Albrecht Sonntag
Par Albrecht Sonntag (Enseignant-chercheur ESSCA Ecole de management)
Mercredi, l’épreuve de philosophie donne le coup d’envoi du baccalauréat 2016. L’occasion, pour notre chroniqueur, d’imaginer une liste de sujets en écho à l’Euro.
Avant le match Autriche-Hongrie, à Bordeaux, mardi 14 juin. L’Autriche est notamment la patrie de Sigmund Freud. | Michael Dalder/Reuters
Baccalauréat général, session 2016, série UEFA.
Sujet 1 : Peut-il être juste de punir un grand groupe d’innocents pour les méfaits d’un petit nombre d’entre eux ?
Afin de problématiser le sujet, vous vous appuierez sur des événements récents. Vous distinguerez ensuite entre la légitimité, la légalité et la moralité des sanctions collectives.
Sujet 2 : Une compétition dans laquelle les trois quarts des participants gagnent a-t-elle un sens ?
Vous démontrerez la polysémie du terme « sens », en distinguant le sens propre d’une compétition, notamment sportive, des intérêts économiques ou politiques qui y sont liés.
Sujet 3 : Les peuples sont-ils gouvernés par le pain et le cirque ?
Révisez à l’aide des commentaires laissés dans les forums des lecteurs du Monde par tous ceux qui ont le monopole du sens critique et de la clairvoyance au sujet de la manipulation des masses.
Explication de texte :
« La forme de fierté la plus pauvre est la fierté nationale. Car elle trahit chez celui qui en est atteint l’absence de qualités individuelles, dont il puisse être fier, car, sans cela, il n’aurait pas recours à celle qu’il partage avec tant de millions d’individus. Celui qui possède des avantages personnels significatifs saura reconnaître les défauts de sa propre nation, puisqu’il les a en permanence devant ses yeux, de manière très claire. Mais tout pauvre diable, qui n’a rien dans ce monde dont il puisse être fier, saisira comme dernier moyen d’être fier la nation à laquelle il lui arrive d’appartenir. »
Arthur Schopenhauer, Parerga et Paralipomena (1851)
C’est l’occasion d’exercer et de démontrer votre sens critique en plaçant la thèse séduisante, mais péremptoire, de Schopenhauer dans le contexte historique de la modernité du milieu du XIXe siècle. La première partie de votre plan vous permettra de mobiliser vos connaissances du phénomène de narcissisme collectif développé par Sigmund Freud. Dans votre deuxième partie, vous y opposerez la pensée de la postmodernité développée par des auteurs comme Jürgen Habermas.
Votre conclusion ? Elle vous appartient. Elle dépendra à la fois de vos présupposés sur les amateurs de football et de la capacité de distance critique, voire ironique, que vous accordez à l’individu contemporain non seulement en tant que citoyen, mais aussi en tant que consommateur du spectacle sportif.