La Comédie-Française au féminin pluriel
La Comédie-Française au féminin pluriel
Par Fabienne Darge
La saison 2016-2017 de la Comédie-Française s’annonce riche et plurielle. | JEAN-LOUP GAUTREAU/AFP
C’est historique : lors de la saison 2016-2017, la Comédie-Française programmera autant d’artistes femmes que d’artistes hommes. Cette parité parfaite, qui est une première au niveau d’une institution de cette importance, a été annoncée, mercredi 1er juin, par Eric Ruf, l’administrateur du Français, qui présentait le programme de la deuxième saison qu’il signe à la tête de la maison.
Sur ce terrain comme sur d’autres, Eric Ruf poursuit le travail d’ouverture entamé en 2015-2016. « La saison nouvelle est l’expression d’[une] souplesse et d’[une] nécessaire curiosité » pour des formes très différentes de théâtre, écrit le patron de la Maison de Molière dans l’éditorial de la plaquette de saison. « Le répertoire de la Comédie-Française s’augmente régulièrement de nouveaux titres et ne s’est jamais cantonné à un seul canon littéraire, intégrant depuis plus de trois siècles les dramaturgies qui sont le reflet de leur époque. Il ne s’agit donc pas pour nous de marquer un territoire, mais de les parcourir tous », poursuit l’administrateur général.
La saison 2016-2017 sera donc marquée par un équilibre subtil entre le répertoire et la création contemporaine. L’ouverture de saison est particulièrement appétissante, qui aura lieu au Studio-Théâtre avec L’Interlope, un cabaret imaginé par Serge Bagdassarian ; au Théâtre du Vieux-Colombier avec un Vania, d’après Tchekhov, orchestré par Julie Deliquet ; et, salle Richelieu, avec Les Damnés, le spectacle que le metteur en scène Ivo van Hove va créer à Avignon avec la troupe du Français.
Un « Cyrano » de tous les records
Pour la suite, honneur aux femmes, donc. Anne Kessler mettra en scène La Ronde, d’Arthur Schnitzler, et Anne-Marie Etienne Les Enfants du silence, de Mark Medoff (au Théâtre Antoine). Christiane Jatahy signera une nouvelle création d’après La Règle du jeu, le film de Jean Renoir. Katharina Thalbach, qui est la fille du grand metteur en scène brechtien Benno Besson, s’attaquera à La Résistible Ascension d’Arturo Ui. On retrouvera la Britannique Deborah Warner, qui n’est plus venue à Paris depuis plusieurs années, avec Le Testament de Marie, de Colm Toibin, qui se jouera hors les murs au Théâtre de l’Odéon. Véronique Vella proposera Le Cerf et le Chien, un des contes de Marcel Aymé. Enfin, Isabelle Nanty s’est vue confier une nouvelle version de L’Hôtel du libre-échange, de Georges Feydeau.
Les autres créations de cette saison seront signées par Clément Hervieu-Léger, avec Le Petit-Maître corrigé, de Marivaux ; Nâzim Boudjenah, avec Intérieur, de Maurice Maeterlinck ; Laurent Delvert, un nouveau venu, avec Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, de Musset ; Jacques Lassalle, avec La Cruche cachée, de Kleist ; Pascal Rambert, avec Une vie, texte personnel.
Du côté des reprises, sont inscrits au menu Roméo et Juliette, de Shakespeare, par Eric Ruf ; Père, de Strindberg, par Arnaud Desplechin ; Le Misanthrope, de Molière, par Clément Hervieu-Léger. Vingt mille lieues sous les mers, d’après Jules Verne, par Christian Hecq et Valérie Lesort. Lucrèce Borgia, de Victor Hugo, par Denis Podalydès ; Comme une pierre qui…, d’après Greil Marcus et la vie de Bob Dylan, par Marie Rémond et Sébastien Pouderoux ; La Double Inconstance, de Marivaux, par Anne Kessler ; et enfin, le Cyrano de Bergerac mis en scène par Denis Podalydès, qui est en passe de battre tous les records, puisqu’il a été créé en 2006 et n’a cessé d’être repris depuis. Les réservations seront ouvertes le 2 juin pour les titulaires de cartes Comédie-Française, et le 9 juin pour l’ensemble du public.