Les jeunes diplômés partis à l’étranger s’insèrent mieux que les autres
Les jeunes diplômés partis à l’étranger s’insèrent mieux que les autres
Par Séverin Graveleau
Selon une étude publiée mercredi 25 mai, les jeunes ayant effectué un séjour à l’étranger durant leurs études supérieures trouvent plus rapidement un emploi et ont des salaires plus élevés
Trois jeunes sur dix ont effectué un séjour à l’étranger durant leurs études | PATRICK HERTZOG / AFP
Ils ont trouvé leur premier emploi en 2,9 mois en moyenne, contre 4,6 mois pour leurs camarades. Et cet emploi leur rapporte 1 480 euros net par mois, contre 1 200 euros pour leurs homologues ayant exactement le même niveau de diplôme. Leur particularité ? Ces élèves et étudiants ont effectué durant leur scolarité un stage en entreprise, un séjour, des études ou ont même travaillé à l’étranger. C’est ce que révèle une étude de l’Agence Erasmus + publiée mercredi 25 mai. Qu’y apprend-on ?
- Trois jeunes sur 10 ont effectué un séjour à l’étranger durant leurs études
Réalisée en partenariat avec le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) cette étude exploite les données de l’enquête d’insertion « Génération » effectuée après des jeunes sorties d’études en 2010. Plus particulièrement auprès des 30 % de jeunes français (sur 33 500 interrogés) qui affirment avoir effectué un séjour à l’étranger durant leurs études.
L’échantillon étant normalement « représentatif » des 708 000 jeunes qui ont terminé leurs études en 2010, la mobilité internationale aurait concerné quelque 212 400 jeunes sortis cette année-là.
Parmi les diplômés ayant effectué ce séjour à l’étranger durant leur dernière formation, 24 % sont partis « pour voyager ou pour les loisirs » lors de « séjours non-encadrés ». Parmi les autres 25 % sont partis pour travailler, 40 % pour un séjour scolaire ou universitaire et 44 % pour un stage - le total dépasse les 100 % car certains diplômés sont partis pour plusieurs motifs.
- Niveau d’étude élevé, mais pas que…
Les départs à l’étranger varient fortement selon le niveau d’étude et la filière. C’est ainsi le cas pour 72 % des diplômés d’école de commerce et d’ingénieurs, 16 % des diplômés d’un Bac + 5 en « maths sciences et techniques », 24 % en « Lettres, Sciences Humaines, gestion et droit ». Mais aussi entre 7 % et 12 % des diplômés d’un BTS et DUT (bac + 2).
Les départs à l’étranger varient fortement selon le niveau d’étude et la filière. C’est ainsi le
Les chiffres les plus intéressants sont sans doute ceux traitant des diplômés de niveau bac. On découvre dans cette étude qu’entre 9 % et 20 % d’entre eux ont aussi effectué un séjour à l’étranger durant leur formation : 9 % des « Bac techno tertiaire », 11 % des « Bac pro tertiaire ou industriel », 15 % des « Bac Techno industriel ».
« La mobilité internationale s’est aujourd’hui étendue à tous les niveaux de formation, commente Antoine Godbert, le directeur de l’Agence Erasmus + France/Education Formation, (…) nous espérons que les idées reçues n’y résisteront pas ».
Dans le même état d’esprit, l’étude note que plus d’un jeune sur cinq issu d’une famille dont les parents sont ouvriers est parti à l’étranger, et plus d’un jeune sur quatre issu d’une famille dont les parents sont employés : « ces jeunes ne sont donc pas exclus de la mobilité » estime l’agence.
- Une insertion plus rapide, des emplois stables et mieux rémunérés
Par rapport aux autres jeunes de la Génération 2010, ceux qui ont effectué un séjour encadré à l’étranger - stage, études et emploi - apparaissent « davantage protégés du chômage, et bénéficient d’une insertion professionnelle plus rapide, vers des emplois plus stables (à durée indéterminée), plus qualifiés et mieux rémunérés » note l’étude.
Ces derniers ont en effet accédé à leur premier emploi 2,9 mois après leur sortie de formation, contre 4,6 mois pour les jeunes n’ayant pas effectué de séjour à l’étranger.
57 % des jeunes diplômés en 2010 ont connu « des trajectoires d’accès durable » à l’emploi durant les trois premières années de vie active. Plus particulièrement « ceux qui ont connu un séjour encadré à l’étranger, dans un cadre scolaire, de travail ou d’un stage ».
Et pour eux la part de temps passé en emploi sur les trois premières années de vie active (78 %) « est largement supérieure » à celle de l’ensemble de la Génération 2010 (66 %).
Chez les étudiants ayant effectué un séjour encadré à l’étranger, la part de temps passé en emploi sur les trois premières années de vie active est largement supérieure celle de l’ensemble de la Génération 2010 | Agence Erasmus +
La différence entre les jeunes ayant effectué un séjour encadré à l’étranger et les autres se retrouve aussi sur la rémunération du premier emploi. Le salaire net médian des premiers est de 280 euros plus élevé que celui des jeunes qui n’ont pas effectué de séjour à l’étranger : 1 480 euros contre 1 200.
Cela peut s’expliquer en partie par les emplois plus qualifiés auxquels les jeunes de la première catégorie accèdent. La part de cadres ou de professions intermédiaires au premier emploi est de 65 % pour eux, contre 34 % pour ceux n’ayant effectué aucun séjour à l’étranger.
- « Affiner le lien de causalité » entre le séjour à l’étranger et la bonne insertion professionnelle
L’étude de l’Agence Erasmus + ne permet pas de savoir si cette bonne insertion professionnelle pour les étudiants ayant effectué un séjour à l’étranger… est effectivement liée à ce séjour à l’étranger. « Qu’espérons-nous en conclure ? » s’interroge Antoine Godberg, le directeur de l’Agence Erasmus + France, qui prêche logiquement pour sa paroisse. « Que les programmes européens comme Erasmus + jouent certainement un rôle non négligeable pour faciliter l’entrée sur le marché de l’emploi et qu’à ce titre, plus que jamais, ils apparaissent comme des outils adaptés et d’avant-garde », répond-il.
Sa collègue Laure Coudret-Laut estime, de son côté, que « la démonstration d’une corrélation positive reste cependant à construire » pour prouver statistiquement le lien entre mobilité et insertion professionnelle et, à travers des travaux de recherche à poursuivre, « affiner le lien de causalité ».
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