Roger Federer. | Marijan Murat / AP

Quatre tournois. Quatre tournois seulement avant le Grand Chelem de Wimbledon. La saison sur gazon est mince. Mais ce qui est rare est précieux, et cette parenthèse prestigieuse sur le circuit ATP, Roger Federer s’en est longtemps fait le propriétaire.

Pas incommodé pour un sou par le fait étrange de jouer sur de l’herbe, « Rodger » s’est même spécialisé dans cette surface. Sa longue et prolifique carrière, il l’a lancée par un premier titre en Grand Chelem… à Wimbledon, en 2003. La suite est désormais gravée au palmarès du All England Lawn Tennis Club Single Handed Championship of the World : cinq titres consécutifs, sept en tout, entre 2003 et 2012. De quoi faire entrer le Suisse dans le champ de la légende sportive.

Aujourd’hui numéro trois mondial, Roger Federer n’est pas au mieux de sa forme. A 34 ans, lui qui compte le plus grand nombre de semaines à la première place du classement voit probablement ses plus belles années derrière lui. S’il demeure tout de même un candidat sérieux à la victoire finale du prochain Wimbledon, de par son affinité pour la surface, Federer n’aborde pas cette saison sur gazon de la plus rassurante des manières.

Le gazon, perdu au profit de la jeunesse

Le premier indice se trouve à Halle, en Allemagne. Chaque année, la petite ville de vingt mille habitants se laisse séduire par le Suisse. Depuis 2003, Federer y vient répéter ses gammes sur gazon, deux semaines avant la grande représentation londonienne pour un ratio de huit victoires sur dix finales.

C’était un peu son pré carré. Le seul tournoi qui résistait à l’essoufflement de sa carrière, le dernier trophée que Federer ne laissait pas filer. Jusqu’à cette édition 2016. Battu en demi-finale par le local Alexander Zverev (7-6, 5-7, 6-3) samedi 18 juin, le numéro trois mondial perd de plus en plus de terrain sur sa surface de prédilection.

Cette défaite n’est pas anodine. Avec les Kyrgios, Goffin et Thiem (qui avait battu le Suisse au même stade une semaine plus tôt à Stuttgart) Zverev, 19 ans, fait partie de cette nouvelle génération amenée à succéder aux Nadal, Murray, Djokovic et surtout Federer.

Le Suisse n’avait plus été battu par un joueur de moins de 20 ans depuis 2006. A l’époque l’heureux élu s’appelle Andy Murray. De quoi filer un petit coup de vieux. « La seule chose peut-être qui me manque, c’est un meilleur jeu de fond de court. J’ai le sentiment qu’il me reste assez de temps avant Wimbledon pour faire ces ajustements. », s’était-il rassuré après sa défaite.

Une saison blanche

Vu l’âge qu’il a et la place qu’il occupe au classement, il serait inconvenant de parler de « préretraite » à son endroit. Mais cette saison est tout sauf une réussite pour Federer, qui n’a remporté aucun titre, une disette qu’il n’avait plus connue depuis 2001.

Deux explications. La première concerne son état physique. La saison du Suisse a été en grande partie tronquée par une blessure au dos, dont il semble s’être remis, au moment de la transition entre terre battue et gazon, physiquement délicate pour les joueurs. La deuxième est celle d’un programme allégé en tournois, en vue d’obtenir la médaille d’or au Jeux olympiques, tant en simple qu’en double et double mixte. Il s’agit du dernier grand défi de Federer. Un choix que le troisième mondial relativisait il y a quelques semaines dans La Gazetta dello Sport.

« Il est normal de dire la vérité. Lorsque mon corps ne suivra plus et que ma famille sera fatiguée, j’arrêterai ! Mais je ne pense pas que cela arrive prochainement ! J’apprécie de jouer et vous me verrez encore quelques années ! » déclarait-il alors. Son optimisme est partagé par ses sponsors, puisque Nike plancherait déjà sur la tenue de Federer pour l’édition 2018 de l’US Open.