Le blues des salariés de Dailymotion
Le blues des salariés de Dailymotion
LE MONDE ECONOMIE
Une centaine de personnes a quitté la filiale de Vivendi en un an. Les équipes ne voient aucune stratégie se mettre en place.
Canal+, Gameloft, Mediaset. Depuis son arrivée aux commandes de Vivendi, Vincent Bolloré, qui décide de tout au sein du groupe, n’a visiblement pas eu le temps de s’occuper de Dailymotion, le site de partage de vidéos racheté à Orange pour 280 millions d’euros. « Nous n’avons pas senti les effets d’appartenance à un grand groupe », dit-on en interne, dépité. Depuis un an, déçues par leur nouveau propriétaire, 100 personnes ont quitté l’entreprise, comme l’ont indiqué Les Echos, mercredi 13 juillet. Installé à New York, le numéro deux de l’entreprise, Martin Rogard, quitte également Dailymotion.
« A 95 %, il s’agit de démissions sèches. Le marché est très concurrentiel et les gens n’ont pas envie de rester. Ils trouvent facilement ailleurs », dit la même source. Soixante-quinze personnes ont été remplacées. Mais pas facile de recruter des talents depuis l’arrivée de Vincent Bolloré aux commandes, les méthodes de l’homme d’affaires breton chez Canal+ ayant un effet repoussoir sur les candidatures extérieures.
Au final, les effectifs sont passés de 220 à 190 personnes. Une centaine de salariés est située à Paris, une cinquantaine aux Etats-Unis, le reste à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), Berlin et Singapour. Le bureau de la côte Ouest a été fermé suite au départ de l’ancien PDG Cédric Tournay, qui s’était installé près d’Hollywood en 2012.
Pas de synergies mises en œuvre
Pour le moment, Vivendi n’a pas tenu la promesse faite à Dailymotion de l’aider à grandir, alors que la concurrence fait rage contre YouTube. Le site, qui espèrait accroître son chiffre d’affaires de 25 % cette année à 100 millions d’euros, ne pense plus pouvoir atteindre son objectif. Dailymotion n’a pas vu la couleur des contenus détenus par Vivendi, et les synergies n’ont pas été mises en œuvre. Ainsi, Canal+ n’utilise toujours pas le « player » de Dailymotion.
En réalité, seule la logique financière de réduction des coûts a compté. Les salariés ont surtout vu Michel Sibony, l’homme de confiance de Vincent Bolloré. A la tête du « middle office » chez Havas, le groupe de publicité dans lequel Bolloré détient 60 % du capital, Michel Sibony a été propulsé directeur des achats de Canal+. C’est notamment lui qui avait demandé de baisser les coûts de bande passante, pourtant cruciale dans l’activité de Dailymotion. Aujourd’hui, tout est passé au peigne fin, et chaque décision remonte au sommet. « Ça prend deux mois pour avoir une gomme », se plaint-on en interne.