JO 2016 : Bernd Wiesberger, champion du green au blanc pays
JO 2016 : Bernd Wiesberger, champion du green au blanc pays
Par Blaise Gauquelin (Vienne, correspondant)
En l’absence des meilleurs joueurs mondiaux, le golfeur autrichien, 58e joueur mondial, espère attirer la lumière à Rio.
Bernd Wiesberger lors du 145e British Open, le 12 juillet, en Ecosse. | GLYN KIRK / AFP
Grand rêve de green au pays des alpages : alors que glisser sur un manteau blanc reste sa discipline reine, l’Autriche se pique de golf le temps d’un mois d’août sous les cocotiers du Brésil. D’ordinaire, la nation mise tout sur les jeux d’hiver. Elle n’envoie qu’une délégation de 71 sportifs à Rio. Mais parmi eux, il y a plusieurs stars nationales, dont une que le relief peu clément de son pays natal rend très exotique : le golfeur Bernd Wiesberger.
Ce trentenaire est originaire d’Oberwart, un village de l’extrême sud-est de la région orientale du Burgenland resté dans les mémoires à cause d’un attentat contre la communauté rom qui avait fait quatre morts en 1995. Le coin, collé à la frontière hongroise, est défavorisé. Il n’en est que plus fier de compter parmi ses fils prodiges le champion d’une discipline assez confidentielle en dehors de certains cercles.
Entraînements à l’étranger
D’autant plus que Bernd Wiesberger n’est pas le rejeton d’une famille de nantis. Mais comme beaucoup d’Autrichiens, il a touché à toutes les disciplines étant gamin : l’Autriche est un petit pays de 8,7 millions d’habitants seulement. Elle a produit de célèbres sportifs et compte l’un des plus grands nombres de licenciés au monde par habitant. Le pays est devenu numéro 1 mondial de tennis avec Thomas Muster en 1996 et a remporté plusieurs médailles d’or en voile, alors qu’elle ne jouit d’aucun accès direct à la mer. Autant de disciplines dans lesquelles on ne penserait pas forcément devoir compter avec elle.
Bernd Wiesberger se dit conscient de détonner un peu. « On me demande souvent comment c’est possible d’être un golfeur à succès en Autriche, bien que les longs mois d’hiver et la neige ne nous aident pas forcément », énonçait-il récemment. Petit élément de réponse : il s’entraîne beaucoup sur d’autres continents, et dans des pays possédant plus de parcours que le sien. Souvent entre deux aéroports, il regarde des séries – surtout Entourage et Suits. Il écoute aussi les Red Hot Chili Peppers ou Foo Fighters, en tout cas toujours du rock : c’est la chose qui le détend, avant de retrouver ses clubs.
Alors que les principaux acteurs du circuit snobent le grand retour de la discipline dans le programme olympique après cent douze ans d’absence, l’Autrichien, coaché par le Belge Philippe de Busschere, se sent pousser des ailes. Même s’il n’est actuellement que 58e au classement mondial. Et même si l’Autriche, qui était repartie bredouille de Londres en 2012, au même titre que le Togo, le Costa Rica ou l’Albanie – la contre-performance avait été très commentée dans le pays –, espère plutôt décrocher des médailles grâce aux épreuves aquatiques et au judo.
Profiter d’une médiatisation sans précédent
Bernd Wiesberger n’a pas eu peur du virus Zika et il espère profiter d’une médiatisation sans précédent des tours messieurs, lui qui évolue en professionnel depuis bientôt dix ans sans intéresser plus loin que dans les rangs des journalistes spécialisés ou de ceux dépêchés par Vienne lorsqu’il décroche un titre.
Bernd Wiesberger l’admet lui-même : choisir le golf au pays du ski n’était pas le meilleur moyen de passer à la télé. Mais ses victoires à l’Allianz Open de Lyon en 2010 et à l’Alstom Open de France en 2015 ont suscité un début d’émulation, au sein d’une population montagnarde n’ayant d’yeux que pour ses champions en combinaison : Hermann Maier, Stephan Eberharter et autres Marcel Hirscher. En tout, il a remporté six tournois.
Signe qui ne trompe pas : le célibataire amateur de montres est sponsorisé par Red Bull, la marque star de Salzbourg, trop contente de voir enfin un type sympa susceptible de démocratiser le golf dans les vallées escarpées du Tyrol et du pays de Salzbourg.
Et même si les JO ne vont pas devenir l’événement majeur de la discipline grâce à la magie brésilienne, Bernd Wiesberger n’aurait raté pour rien au monde ce rendez-vous avec l’histoire du sport. Avant de décoller, il se disait très sûr de lui. « Quand ma condition le permet, je me dis que je suis capable de remporter chaque tournoi disputé. » Sa performance sera très observée.