Cazeneuve en Corse pour manifester la fermeté de l’Etat
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Images : AFP Web

Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve s’est rendu mercredi 30 décembre à Ajaccio, pour une visite effectuée plusieurs jours après de fortes tensions qui ont eu lieu notamment dans le quartier des Jardins de l’Empereur.

Il a annoncé « un plan d’action spécifique au quartier » afin de répondre à ses habitants, qui ont « exprimé une demande accrue de sécurité ». Ce plan, mis en place « dans les tout prochains jours », prévoit notamment une augmentation de la présence policière, sans qu’un nombre précis ait été évoqué.

« Aucun quartier n’a été, et ne sera jamais, abandonné par la République. Au-delà de cet aspect sécuritaire, un effort sera poursuivi pour désenclaver. »

Le ministre est arrivé peu avant 9 heures à la caserne des pompiers agressés le soir de Noël – événement qui a déclenché plusieurs manifestations, dont certaines émaillées de slogans xénophobes – et a salué les quatre fonctionnaires présents dans le camion d’intervention le soir des faits. Il s’est ensuite rendu dans le quartier des Jardins de l’Empereur pour parler avec des habitants. Devant les caméras, il a condamné l’ensemble des événements de la semaine passée :

« Il n’y a, en Corse, de place ni pour la violence, ni pour le racisme. Et je suis convaincu que c’est là la volonté de l’ensemble de ceux qui vivent en Corse. »

« De nombreux Corses profondément blessés »

M. Cazeneuve a également visité la salle de prière musulmane partiellement détruite dans le quartier Saint-Jean. Lors d’un discours prononcé à la préfecture à la mi-journée, il a défendu à la fois « l’unité de la République » et la « singularité » de la Corse.

« Je sais que nombreux sont les Corses à avoir été blessés profondément lorsque leur île a été décrite par certains, injustement, comme une terre de racisme et d’intolérance. »

Dans un entretien au Parisien, paru le matin même, Manuel Valls, le premier ministre, avait justifié le caractère tardif de la visite de M. Cazeneuve. « Il fallait d’abord rétablir l’ordre public », a justifié le chef du gouvernement, qui a précisé qu’il se rendrait lui-même sur l’île « au premier semestre 2016 ».

Délits passibles de dix ans de prison

Des graffitis dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio le 28 décembre 2015. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Deux personnes suspectées d’être impliquées dans des violences le soir de Noël ont été mises en examen, et l’une d’elles a été écrouée, a annoncé, dans la soirée de mardi, le parquet d’Ajaccio.

L’un des individus, âgé de 18 ans et connu des services judiciaires, est accusé de « dégradations par un moyen dangereux », et a été écroué pour avoir mis le feu à des palettes dans l’après-midi du 24 décembre. Le second, âgé de 19 ans et inconnu des services de police, a été mis en examen pour « complicité de dégradations » et placé sous contrôle judiciaire.

Ces délits sont passibles de dix ans de prison. A ce stade, les enquêteurs n’ont pas relié directement ces deux hommes à l’agression des pompiers, appelés pour des feux de palettes dans la nuit du 24 au 25 décembre, dans le quartier des Jardins de l’Empereur.