Caster Semenya célèbre sa victoire, samedi 20 août. | ADRIAN DENNIS / AFP

Le scénario s’est déroulé sans anicroche. Comme attendu, la Sud-Africaine Caster Semenya s’est imposée dans l’épreuve du 800 m (1 min 55 s 29), devant la Burundaise Francine Niyonsaba (1 min 56 s 49) et la Kényane Margaret Wambui (1 min 56 s 89), samedi 20 août à Rio.

Victorieuse au terme d’une course parfaitement maîtrisée, Caster Semenya, 25 ans, aura attendu les 150 derniers mètres de la course pour placer une attaque fatale à la concurrence. Troisième Africaine sacrée sur le double tour de piste, après la Mozambicaine Maria Mutola (2000) et la Kényane Pamela Jelimo (2008), Semenya confirme sa domination absolue sur le double tour de piste cette saison, elle qui possédait déjà la meilleure performance mondiale de l’année sur la distance. Un chrono encore amélioré, de 4 centièmes de seconde, sur la piste bleue carioca.

Si elle n’est pas la quatrième athlète à battre un record du monde dans le stade Engenhao et reste à distance respectable de la poussièreuse et sulfureuse marque de la Tchèque Jarmila Kratochvilova (1 min 53 s 28 en 1983), celle qui porta le drapeau de son pays aux Jeux de Londres remporte son premier or olympique. Il y a quatre ans, elle avait dû s’incliner face à Mariya Savinova et se contenter de l’argent. La Russe a ­depuis reconnu s’être dopée, et l’Agence mondiale antidopage (AMA) a requis à son encontre une suspension à vie.

Soutien national

Ces derniers jours, le soutien national dont bénéficie la Sud-Africaine s’était affiché sur Twitter, avec la tendance #HandsoffCaster (Ne touchez pas à Caster). Ce mot d’ordre en forme de soutien avait généré plusieurs milliers de messages. N’en déplaise à la marathonienne britannique Paua Radcliffe, qui avait déclaré à propos de Semenya : « Ce n’est pas du sport ». La Sud-Africaine est atteinte d’hyperandrogénie, et présente un taux de testostérone naturellement élevée. Son cas illustre les difficultés de la fédération internationale d’athlétisme à gérer le dossier sensible des sportives qui produisent trop d’hormones mâles.

La Sud-Africaine le sait : si elle réussit à larguer toutes ses adversaires, elle se fait toujours rattraper par les ­remarques insidieuses de ses détracteurs. Ceux qui lui reprochent d’être un peu « trop » tout, mais pas assez féminine.

Peu importait samedi, dans le stade Engenhao. Le retour de la sportive dans son pays s’annonce triomphal. La dernière médaille d’or de l’Afrique du Sud en athlétisme remontait à vingt ans, lors de la victoire de Josia Thugwane sur l’épreuve du marathon, en 1996, à Atlanta.