Jean-Christophe Cambadélis : « François Hollande reste la carte maîtresse de la gauche »
Jean-Christophe Cambadélis : « François Hollande reste la carte maîtresse de la gauche »
Par Cédric Pietralunga, Bastien Bonnefous, David Revault d'Allonnes
Dans un entretien au « Monde », le premier secrétaire du Parti socialiste revient sur la situation de la gauche et sur la candidature de Nicolas Sarkozy.
Le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, lors de son interview au « Monde », le 25 août 2016 dans son bureau au siège du PS, rue Solferino à Paris. | OLIVIER LABAN MATTEI/MYOP POUR LE MONDE
Le positionnement de Nicolas Sarkozy constitue « une menace considérable pour le pays », estime dans un entretien accordé au Monde, Jean Christophe Cambadélis. « Il a pris une responsabilité terrible devant la France. Il avait abaissé les frontières avec son discours de Grenoble en 2010, il propose une nouvelle frontière aujourd’hui à la droite et à l’extrême droite », attaque le premier secrétaire du PS.
Ce dernier ajoute, au sujet de Tout pour la France (Editions Plon, 240 pages), le livre programme de l’ancien chef de l’Etat et candidat à la primaire du parti Les Républicains :
« Au delà de la restauration sarkozyste, il s’agit d’un programme commun entre la droite décomplexée et l’extrême droite recentrée, autour de deux thèmes : l’autorité et l’inégalité. Sarkozy a imposé à l’ensemble de la droite son calendrier, ses propositions, son terrain politique. »
Selon le patron des socialistes, le programme de M. Sarkozy est « ahurissant, en terme de dépense publique, de remise en cause des acquis sociaux. Il est même provocateur ».
« Bilan contrasté, mais positif »
Côté gauche, à trois jours du rassemblement de la majorité à Colomiers, lundi 29 août, M. Cambadélis estime que le gouvernement « doit bien sûr porter son bilan, qui est contrasté mais positif ».
« Au moment où la croissance redémarre et où le chômage baisse, il serait paradoxal de ne pas souligner que nous avons redressé le pays, malgré l’ardoise que nous avait laissée la droite en 2012. »
A quatre mois de la primaire socialiste qui se tiendra théoriquement en janvier, il estime que cette procédure « met un garrot sur l’hémorragie de candidatures. Parce qu’à la fin, tout le monde devra se retrouver sur le gagnant. »
Garant, en tant que patron de l’appareil socialiste, de l’impartialité de la primaire, il ne cache cependant pas son inclination pour la candidature de l’actuel président : « J’ai dit depuis longtemps que je l’espérais. Je respecte la totalité des candidats. Mais François Hollande reste la carte maîtresse de la gauche. »
Après la menace brandie par Arnaud Montebourg de se porter directement candidat à la présidentielle sans passer par la case primaires si d’aventure celles-ci ne s’avéraient pas conformes à ses vues dans leur organisation, le premier secrétaire s’affirme « totalement persuadé qu’il participera » à ce rendez-vous. M. Cambadélis se fend également d’un rappel en forme de coup de griffe à l’entreprenant ministre de l’économie Emmanuel Macron : « S’il est avec nous, il est utile. S’il est avec Philippe De Villiers, il l’est moins. »