Afrique Football Club : Mario Balotelli cherche l’eldorado, Julio Tavares a la fièvre du samedi soir
Afrique Football Club : Mario Balotelli cherche l’eldorado, Julio Tavares a la fièvre du samedi soir
Par Alexis Billebault (chroniqueur Le Monde Afrique)
Dans sa chronique hebdomadaire, notre journaliste revient sur les malheurs de Mario Balotelli et la belle performance de Julio Tavares, samedi contre Lyon.
Mario Balotelli, le 1er mai à Milan. | GIUSEPPE CACACE / AFP
Qui veut jouer avec Super Mario ?
A force de multiplier les frasques, de se croire seul au monde et de se persuader que son seul talent suffira à le placer au-dessus de la mêlée, Mario Balotelli (26 ans) est en train de toucher les limites de sa logique. Sous contrat à Liverpool, où Jürgen Klopp ne veut plus de lui, l’Italien d’origine ghanéenne a demandé à son agent Mino Raiola de lui dégoter un nouveau club. Celui qui est aussi le représentant de Paul Pogba et de Zlatan Ibrahimovic s’est mué en VRP et a passé une partie de son été à proposer son encombrant client un peu partout en Europe, y compris en France (Nantes, Bordeaux et Nice), sans que l’idée soulève un enthousiasme débordant.
« Moi, si je suis entraîneur d’un club, je ne suis vraiment pas certain d’en vouloir. Il faudrait savoir où il en est. Il a certes beaucoup de talent, mais il est trop individualiste. Beaucoup d’entraîneurs lui ont tendu la main, sans être remerciés en retour », explique Claude Le Roy, le sélectionneur du Togo et qui avait voulu attirer le joueur en sélection du Ghana il y a dix ans.
Depuis un bel Euro 2012 avec l’Italie, l’attaquant est de moins en moins efficace et a fini par user les patiences : « Il a brûlé presque tous ses jokers. C’est maintenant ou jamais. Mais comme on dit en Corse, le renard perd le poil mais pas le vice. » Super Mario est aujourd’hui annoncé à Palerme, le club de sa ville natale. « Peut-être que dans ce contexte, cela pourrait marcher, envisage Claude Le Roy. Où que ce soit, ce sera sa dernière chance de continuer au haut niveau. » Sinon, l’ex (futur ?) phénomène fera comme d’autres surdoués avant lui : il ira courir le cachet en Chine ou dans le Golfe…
Tavares, venu de si loin…
Il y a huit ans, Julio Tavares, né au Cap Vert mais arrivé très jeune en France, s’amusait encore avec ses potes de Montréal-la-Cluse (Excellence), au fin fond des divisions amateurs de l’Ain. « Il y a six ans quand j’affrontais Lyon, c’était contre son équipe réserve. C’était quand je jouais en CFA à Bourg-Péronnas », se souvient l’international cap-verdien. Samedi face à l’OL, l’attaquant de Dijon a marqué son premier but en Ligue 1 et provoqué un penalty face à une défense rhodanienne oscillant entre le pathétique et le catastrophique. Impliqué dans deux buts, Julio Tavares (27 ans) a contribué au succès forcément inattendu du promu bourguignon (4-2) face à un gros-bras de l’élite.
« Julio, j’avais presque dû lui mettre des coups de pieds au cul pour qu’il quitte Bourg-en- Bresse il y a quatre ans, quand Dijon, alors en L2, lui a proposé un contrat professionnel. Je lui ai fait comprendre qu’il perdait son temps chez nous, qu’il avait le niveau pour évoluer plus haut. J’avais déjà eu du mal à le faire venir à Bourg. Lui, il voulait juste jouer avec ses copains de Montréal-la-Cluse pour le plaisir, avoir un travail à côté, rien de plus », explique Hervé Della Maggiore, l’entraîneur du club bressan. A Dijon, malgré des premiers mois difficiles – « il jouait très peu et il pensait revenir à Bourg », glisse Hervé Della Maggiore - Tavares a fini par s’imposer, inscrivant une dizaine de buts en moyenne chaque saison, dont le triplé (trois buts en six minutes) le plus rapide de l’histoire de la Ligue 2, un soir de 2015 contre Clermont Ferrand (4-1).
Il est aussi devenu international Cap verdien, en 2012, disputant avec les Requins Bleus les CAN 2013 et 2015. Samedi à Praia, face à la Libye, Tavares et le Cap Vert tenteront de se qualifier pour celle de l’hiver prochain, au Gabon.
Bouzid, l’escale heureuse au Grand-Duché
Il a connu Berlin et Kaiserslautern, les chaudes ambiances d’Alger et les derbies enflammés entre l’USMA et le Mouloudia, la Ligue Europa avec le Galatasaray Istanbul, la ferveur du public écossais lors de ses passages à Hearts et Kilmarnock, la galère en Grèce, les blessures ou le foot sauce pétrole aux Emirats Arabes Unis. Ismaël Bouzid (33 ans), ancien international algérien, joue depuis deux ans au Progrès Neidercorn (Luxembourg), et le calme du Grand-Duché n’est pas fait pour lui déplaire : « C’est sûr que cela me change. Mais j’y suis bien. On joue devant 1 000 spectateurs en moyenne, et j’y prépare ma reconversion en passant mes diplômes d’entraîneur. Le Luxembourg, c’est un choix que j’assume. »
Buteur à l’occasion, comme le 21 août contre Rumelange (4-0), Ismaël Bouzid, qui a participé à plusieurs matches qualificatifs pour la CAN ou la Coupe du Monde avec les Fennecs sans jamais disputer la moindre phase finale, n’a pas eu un parcours ordinaire. « Avec le recul, il y a eu de tout. Je suis né à Nancy, j’ai été formé à Metz et à 21 ans, je me retrouve à disputer un derby d’Alger au stade du 5 Juillet, devant 90 000 personnes, se souvient-il. Et je marque le premier but du MC Alger face à l’USMA, un club où je jouerai des années plus tard... J’ai aussi eu droit aux clubs qui n’honorent pas les contrats, comme en Allemagne (Union Berlin), en Grèce (PAS Giannina), en Turquie (Ankaragucu), au titre de champion dans ce pays (2008) avec Galatasaray… »
Dans la dernière ligne droite de sa carrière, Ismaël Bouzid espère retrouver la Coupe d’Europe une dernière fois, puisque son club vise cet objectif : « J’ai appris que le Progrès avait affronté le Real Madrid (0-5, 0-7) il y a quelques années. » C’était en 1978, quand les petits clubs semi-amateurs pouvaient encore rencontrer les grands d’Europe. Mais ça, c’était avant…