L’Open de France de polo joue l’ouverture à Chantilly
L’Open de France de polo joue l’ouverture à Chantilly
Par Catherine Pacary
La finale de l’Open de France Paprec, qui se joue dimanche à Apremont, est l’occasion de s’initier à ce « sport des rois » devenu accessible.
Pierre-Henri Ngoumou (h5), de l'équipe Mochi Chic Polo Team, favorite de l'Open de France Paprec 2016, devant la ferme d'Apremont. | PASCAL RENAULDON/RBPRESSE
Il est le premier jeu de balle et de maillet au monde, peut-être le premier « sport co » de tous les temps : le polo, né chez les peuples cavaliers et guerriers des steppes, entre Chine et Mongolie, il y a quelque deux mille cinq cents ans. Son premier fan ? Darius Ier, roi de Perse. Une tête couronnée, déjà. Depuis la liste s’est allongée au fil des millénaires. Alexandre le Grand, Gengis Khan… jusqu’au prince Charles et ses fils, Harry et William. En France, plus de roi ni de reine, mais des ducs, du sélect, de la jet-set… comme Patrick Guerrand Hermes, ex-président de la Fédération internationale de polo et fondateur du polo club de Chantilly, il y a vingt ans.
Du sélect, de la jet-set… C’est de cette image sur papier glacé que le polo tente de se défaire. C’est pourquoi il ouvre ses portes à tous, gratuitement, dimanche 18 septembre, par ailleurs Journée du cheval, pour assister à la finale du plus important tournoi de cette fin de saison en Europe, l’Open de France Paprec. Une occasion unique de découvrir le polo, de s’initier, et plus si affinités.
« Prenez un maillet en main, mettez une balle au bout, et aussitôt vous êtes accro ! », affirme Philippe Perrier, directeur technique du club. Addictif, le polo ? Il n’est pourtant pratiqué que par un gros millier de cavaliers en France. En 1996, c’était pire. Avec à peine 350 licenciés, la discipline est alors au creux de la vague. Joueur et militant infatigable, Patrick Guerrand Hermes, par ailleurs éleveur de pur-sang et dirigeant du groupe de luxe et sellier Hermès, décide de passer à l’action pour redonner au polo sa dimension rurale et populaire.
Frappe du numéro un français Brieuc Rigaux (à gauche), à Apremont. | RBPRESSE
Eh oui, avant d’être corseté par la bonne société britannique et après s’en être échappé, le polo est viscéralement rural. Né dans les plaines de Mongolie, passé par l’Iran et l’Afghanistan, le polo est ainsi aujourd’hui indissociablement lié aux plaines d’Argentine, où il est arrivé avec les migrants anglais à la fin du XIXe. Le polo est inscrit dans les gênes des gauchos des estancias. Tous pratiquent et assistent aux matchs, dont ceux du tournoi le plus prestigieux au monde, l’Open de Palermo, qui se déroulera du 14 novembre au 5 décembre. Tout jeunes, les gamins montent à cheval et manient le maillet.
Les Petisseros s’exportent
Ce n’est donc pas un hasard si l’Argentine domine la discipline. Meilleurs cavaliers, meilleurs soigneurs, meilleurs palefreniers, les Petisseros… Un savoir-faire qui s’exporte aux quatre coins de la planète, y compris dans les 36 clubs de l’Hexagone. A la ferme d’Apremont, on entend surtout parler espagnol, les Petisseros montent, échauffent les chevaux sur les neuf terrains du domaine, vêtus du bombacha (pantalon), de la ceinture traditionnelle en cuir brut et fine corde teinte, de chaussons et d’un large béret, le boïna. Avant une course, pour se concentrer, ou en fin de journée, cavaliers, lads et propriétaire partagent le maté – un thé puissant sans sachet – qui se sirote avec une paille en laiton ou en argent sculpté. Ambiance pampa et dépaysement garanti, à une demi-heure de Paris.
Aux abords du vaste terrain – 275 m de long sur 145 m de large, soit quasiment la superficie de quatre terrains de foot –, le novice peut s’étonner que des spectateurs affluent en voiture, se garent de chaque côté et s’installent dans la malle, hayon ouvert, pour suivre la rencontre. Deux équipes de quatre cavaliers se font face. Le but du jeu est d’envoyer une balle en plastique de 8,5 cm de diamètre, dans le but adverse, matérialisé par deux poteaux distants de 7,3 m, à l’aide d’un maillet à tête en bois dur emmanchée au bout d’une canne en bambou souple de 130 cm. Deux arbitres de terrain, à cheval, deux assesseurs derrière chaque but et un arbitre veillent au respect des règles.
5 « chukkers » de 7 minutes
Le match se divise en 5 périodes (ou chukkers) de 7 minutes, intercalées de 3 pauses courtes pour changer de chevaux, et une plus longue. Ce qui explique que chaque joueur doit disposer d’un minimum de 6 chevaux, généralement argentins, petits et robustes – mais pas de panique, pour débuter ou pratiquer en amateur, des chevaux sont loués.
Parmi les équipes encore dans la course dimanche, la Mochi Chic Polo Team des cavaliers français Alexandre Sztarkman (capitaine) et Pierre-Henri Ngoumou, et des Argentins Nacho Kennedy et Dario Musso. Grande favorite, elle pourrait se retrouver en face l’équipe 100 % tricolore de Sainte-Mesme, emmenée par le numéro un national, l’enfant du pays Brieuc Rigaux, aux côtés de Clément Delfosse, de Robert et Birger Strom. Même si Mochi Chic a sèchement battu Sainte-Mesme (5-10), mercredi 14 septembre, au terme d’une rencontre accrochée marquée par deux chutes.
Ambiance décontractée, mercredi 14 septembre, lors du match Sainte-Mesme - Mochi Chic Polo Team (5-10), mercredi 14 septembre au Polo Club de Chantilly. | CAP
Une journée à oublier pour Brieuc Rigaux, qui n’était peut-être pas dans les meilleures conditions psychologiques ce mercredi. La nuit précédente, le jeune homme avait passé six heures au poste, après avoir été « car-jacké » par de faux policiers. « Exceptionnellement, ma chienne n’était pas avec moi. C’est l’essentiel ! », sourit-il un verre de maté à la main. Lui-même a découvert le polo par hasard, à l’âge de 12 ans, lorsque ses parents ont emménagé juste en face de la ferme d’Apremont. Aujourd’hui, propriétaire de chevaux, il consacre toutes ses journées à sa passion. « Regardez, il n’est pas beau le bureau », lâche-t-il devant les écuries, avec les terrains et la forêt en arrière-plan.
Pascal Renauldon
Lui aussi compte sur cet Open de France pour faire découvrir « son » sport au plus grand nombre. Numéro un français, cela en impose… « Tout est relatif, nous ne sommes que 10 joueurs professionnels en France. » Parmi eux, Stanislas Clavel, par ailleurs instructeur diplômé d’Etat. Il a créé son école, la SC Polo, et c’est par ce biais qu’il espère attirer de nouveaux joueurs, de nouveaux licenciés.
Pédagogie encore, des démonstrations de Horse Ball, sur des terrains plus petits avec une balle plus grosse, de Pony-Games à double poney pour les jeunes, et de Pony-Games avec des shetlands pour les plus petits sont organisées. « Cela plaît beaucoup ! » Pour preuve, lors de l’édition 2015, plus de 25 000 personnes sont venues au Polo Club de Chantilly assister à la finale de l’Open de France et s’essayer à cet ex-« sport des rois ».
Les mouvements du maillet s'apprennent sur des chevaux de bois. Ici à l'école SC Polo des Stanislas Clavel. | SC POLO
- Programme du 18 septembre :
11 h 30 – Ouverture du village
12 heures – Coupe Potrillos
13 heures – Finale 5e Open de France féminin
14 h 30 – Défilé équestre
15 heures – Finale 16e Open de France Paprec
16 h 30 – Finale trophée Castel