François Hollande rend hommage aux victimes du terrorisme aux Invalides
François Hollande rend hommage aux victimes du terrorisme aux Invalides
Par David Revault d'Allonnes
Le président a pris le parti de participer lundi à l’hommage organisé tous les ans par deux associations de victimes du terrorisme.
François Hollande aux Invalides le 19 septembre. | MICHEL EULER / AFP
Chef de l’Etat qui ne rechigne pas à verser dans la fibre sécuritaire, François Hollande entend aussi se poser en président compassionnel. C’est pourquoi il a pris le parti de participer, lundi 19 septembre, à un hommage national « à toutes les victimes du terrorisme ».
Cette cérémonie est traditionnellement organisée dans les jardins de l’Intendant de l’hôtel national des Invalides par deux associations, la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC) et l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), auxquelles se joint cette année une troisième, 13onze15, née aux lendemains des attentats du 13 novembre 2015.
M. Hollande y avait déjà participé en 2012. Mais, à l’exception des crimes de Mohamed Merah, c’était avant que la vague d’attentats djihadistes ne déferle sur la France. L’hommage ne se limite d’ailleurs pas aux victimes des attaques perpétrées depuis 2015 : la date correspond au 27e anniversaire de l’attentat contre un DC-10 français de la compagnie UTA, le 19 septembre 1989 au-dessus du Niger, lequel avait fait 170 morts, dont 54 Français.
Répression et compassion : cette double facette, qu’il avait exposée à l’opinion après les attentats de janvier et de novembre 2015, est la seule qui ait eu, dans ce quinquennat, un effet substantiel sur sa popularité. Effet certes fugace et qui ne s’est nullement réédité dans la foulée de l’attentat de Nice, le 14 juillet. M. Hollande, déjà en précampagne, s’emploie pourtant à le ressusciter, en même temps qu’il tente, à toute force, de réinstaller le clivage avec les candidats à la primaire de droite, et au premier chef Nicolas Sarkozy, sur ce terrain.
Un impératif stratégique : se distinguer
« Ce sera un discours global d’hommage à toutes les victimes d’attentats
terroristes », annonce la secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes, Juliette Méadel. « C’est un discours indispensable, qui marquera un temps nouveau et la reconnaissance de l’Etat aux victimes. C’est le hasard qui les a frappés, et à travers eux, la République. La République doit donc leur rendre cet hommage symbolique, et expliquer ce qu’elle leur doit », poursuit Mme Méadel, qui ambitionne de présenter début janvier un projet de loi sur les victimes.
Après des témoignages des victimes et de leurs proches, une lecture des noms des personnes assassinées depuis septembre 2015 dans des attaques commises en France et à l’étranger, François Hollande devait « assurer le devoir de mémoire vis-à-vis de toutes les victimes du terrorisme », en rappelant en substance que « s’ils sont morts, s’ils ont été tués, c’est parce qu’ils étaient français ». Et en insistant sur la nécessité de « demeurer ensemble » afin de défendre « notre façon de vivre, nos valeurs, notre démocratie ». Le président pourrait également se rendre à l’hommage national qui sera rendu, le 14 octobre à Nice, aux victimes de l’attentat du 14-Juillet qui a fait 86 morts.
Nicolas Sarkozy et Francois Hollande côte à côte aux Invalides lundi 19 septembre. | MICHEL EULER / AFP
Articuler deux agendas
Que François Hollande érige les victimes en catégorie destinataire d’une politique publique de soutien, rien de plus logique au terme d’un quinquennat marqué par le terrorisme : le pays a compté davantage de victimes d’attentats depuis 2015 qu’entre 1945 et cette date. Mais le chef de l’Etat répond aussi là à un impératif stratégique : demeurer dans l’ultra-régalien pour se distinguer des concurrents qui pullulent autour de lui, entre Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Emmanuel Macron. Diagnostic d’un ministre proche de Hollande : « Les autres candidats de gauche, sur la question du terrorisme et de la menace, que vont-ils proposer ? Vont-ils expliquer, comme Macron, qu’on a tout raté sur l’éducation ? »
Cet objectif demeure pourtant un sujet de réflexion, voire un dilemme pour l’équipe du président. Un conseiller résume : « Dans les semaines qui viennent, une des questions auxquelles nous avons à répondre, c’est : comment articuler l’exercice de l’agenda d’un président avec l’agenda d’un candidat ? » Pour résoudre l’équation, le chef de l’Etat a planifié pour l’automne des allocutions en série. Toutes dans un cadre solennel, mais à visée éminemment politique, dans le sillage de son discours de Wagram sur « la démocratie face au terrorisme ».
Après les Invalides, ce sera le cas dès ce mardi 20 septembre, devant l’Assemblée générale de l’ONU ; fin septembre, devant l’Académie des sciences et les milieux universitaires ; le 6 octobre, à l’Hôtel de Lassay, à Paris, dans le cadre d’un colloque organisé par l’historien Michel Winock et Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale ; le 26 octobre au carrousel du Louvre, pour l’anniversaire de la naissance de François Mitterrand. Le président n’a d’autre choix que de jouer sur toutes les fibres, tour à tour diplomatique ou intellectuelle, très politique, commémorative ou compassionnelle, condamné qu’il est, pour garder de la hauteur tout en se maintenant dans la course, à se multiplier.