Les lycéens français consomment moins d’alcool et de tabac
Les lycéens français consomment moins d’alcool et de tabac
Par François Béguin
Selon une étude européenne, la tendance à la baisse pour l’alcool et le tabac concerne d’abord les élèves de seconde et de première, et pas ceux de terminale.
Serait-ce le signe d’un changement d’époque ? Les lycéens français ont nettement diminué leur consommation de tabac et d’alcool ces cinq dernières années, tout comme la plupart des élèves du même âge en Europe. C’est le principal enseignement de la cinquième édition de l’enquête Espad (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) menée en avril et juin 2015 auprès de 6 642 lycéens en France métropolitaine et auprès d’élèves de 15-16 ans de 34 autres pays européens.
Ces bons chiffres, publiés mardi 20 septembre par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), concernent d’abord les élèves de 2de et de 1re, ceux de terminale continuant d’afficher des niveaux de consommation relativement proches de ceux de 2011. Au cours de cette période, l’usage régulier de cannabis, lui, est resté stable.
Après une hausse en 2011, qui avait interrompu une baisse entamée en 1999, tous les indicateurs liés à la cigarette sont repassés au vert. Quand deux tiers (66 %) des élèves de 2de avaient déjà fumé une cigarette en 2011, ils ne sont plus que 57 % en 2015. Soit une baisse significative de neuf points. Côté consommation, si près du tiers (31 %) des lycéens fumaient au moins une cigarette par jour en 2011, ils ne sont plus qu’un petit quart (23 %) à le faire en 2015.
« Soit la nouvelle génération qui arrive est moins consommatrice, soit l’âge d’entrée dans les usages a été repoussé, on ne peut pas encore trancher », explique François Beck, le directeur de l’OFDT. Hausses successives du prix du tabac, interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs depuis 2009, interdictions successives de fumer dans les transports en commun, dans les lycées, etc. « Toutes ces mesures ont abouti à une dénormalisation du tabac pour les adolescents d’aujourd’hui », relève François Beck. « Le paquet neutre va être un élément supplémentaire important de cette dénormalisation », ajoute Danièle Jourdain-Menninger, la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les conduites addictives (Mildeca), qui juge « encourageants » les chiffres de l’enquête Espad.
Quelques bémols viennent cependant nuancer ces bons résultats. Les élèves des filières professionnelles demeurent de plus gros fumeurs. En terminale par exemple, ils sont proportionnellement deux fois plus nombreux à fumer plus de dix cigarettes par jour (9,1 %) que ceux des filières générales et technologiques (4,9 %). Et le pourcentage d’adolescents français de 16 ans disant avoir consommé une cigarette au cours des trente derniers jours (26 %) reste supérieur à la moyenne de 34 autres pays européens (22 %).
Recul de l’âge du premier verre
Autre phénomène qui vient ternir ces chiffres positifs, une nette « période d’intensification du tabagisme » au moment de la classe de terminale. La « diffusion plus tardive des usages à l’adolescence est (…) en partie remise en cause par la hausse des usages parmi les élèves de terminale dont les niveaux égalent ceux observés au même âge en 2011 », constate ainsi l’OFDT. Alors que 19 % des élèves de 2de fument tous les jours en 2015, ils sont 28 % à fumer quotidiennement en terminale (ils étaient 31 % en 2011). Un phénomène de rattrapage qui devrait pousser les pouvoirs publics à concentrer leurs efforts de prévention sur la classe de terminale.
Pour l’expérimentation et la consommation d’alcool, le phénomène est pratiquement le même, quoi que moins important. D’une part, une baisse globale. Si 17 % des élèves de 2de disaient en 2011 consommer de l’alcool au moins dix fois dans le mois, ils ne sont plus que 10 % à le faire en 2015. Et si 61,4 % des lycéens disaient en 2011 avoir déjà connu une ivresse, ils n’étaient plus que 50,5 % en 2015. Ces données confirment les résultats de l’enquête HBSC menée en 2014 auprès de 10 000 adolescents âgés de 11 à 15 ans publiés en janvier qui montraient un recul de l’âge du premier verre d’alcool.
Mais comme pour le tabac, les chiffres de consommation d’alcool repartent fortement à la hausse lors de la classe de terminale. La consommation régulière (plus de dix fois dans le mois) double ainsi entre la 2de et la terminale, passant de 10 % à 21 % (24 % en 2011).
L’usage régulier de cannabis est le seul indicateur stable sur la période 2011-2015. Si en 2015, 34,8 % des élèves de 2de disent avoir fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie (41 % en 2011), ils sont 54 % à l’avoir fait à la fin de l’année de terminale (52 % en 2011). La France reste ainsi lanterne rouge des pays européens en matière de consommation de cannabis, 17 % des lycéens déclarant en avoir consommé au moins une fois dans le mois, alors que la moyenne européenne est de 7 %.