On a testé… l’iPhone 7, le changement dans la continuité
On a testé… l’iPhone 7, le changement dans la continuité
Par Nicolas Six
Le dessin de l’iPhone 2017 n’évolue pas, mais sa batterie grandit, son capteur photo progresse et… sa prise casque disparaît. Faut-il craquer ?
Etrange métier que concepteur d’iPhone. Aucun appareil ne progresse à un rythme aussi frénétique que les smartphones. Mais tous les douze mois, les ingénieurs d’Apple ont l’obligation de produire des nouveautés. Les nouvelles fonctions de l’iPhone 7 sont-elles réellement utiles ?
Quelques timides améliorations
Les atouts de l’iPhone 7 ne bouleverseront pas notre quotidien. Sa coque est étanche à l’eau douce : il survit aux chutes dans les toilettes ou dans la piscine, mais seulement au petit bain. Les trois mètres du grand bain pourraient lui être fatals, tout comme l’eau de mer. L’étanchéité de l’iPhone 7 rassure, mais les pannes par noyade sont très rares, selon un réparateur de Point Service Mobile. Si vous cherchez désespérément une raison de craquer pour l’iPhone7, il faudra trouver un meilleur prétexte pour leurrer votre entourage.
La batterie de l’iPhone 7 tient plus longtemps : comptez 10 % de gain, peut-être un peu plus. Ca n’est pas une révolution, mais de temps en temps, cela permet de finir la journée. L’écran de l’iPhone 7 est un peu plus lumineux, ce qui améliore légèrement sa lisibilité au soleil. Son vibreur progresse : il produit des vibrations plus nettes, plus définies. En voici la vidéo filmée aux rayons X :
Apple en profite pour confier de nouvelles missions à ce vibreur. Par exemple, lorsqu’on fait défiler ses contacts, on ressent de microvibrations qui donnent l’impression de faire tourner une mollette crantée mécanique. C’est assez bluffant, et grâce à ces informations tactiles, la manœuvre devient plus instinctive.
La photographie en progrès
De jour, les clichés de l’iPhone 7 sont un peu plus naturels que ceux du 6S. Leurs couleurs sont étonnamment justes, leurs ombres croustillent de détails. Mais pour voir la différence, il faut les regarder avec l’œil d’un passionné. De nuit, en revanche, quand la lumière est vraiment très basse, les progrès sautent aux yeux :
L’iPhone 7 prend beaucoup de risques pour immortaliser ces belles images nocturnes. Il se repose énormément sur son stabilisateur d’image, qui lui permet d’ouvrir son objectif très longtemps quand l’éclairage est très faible. Trop longtemps même : si des humains figurent sur la photo, bien souvent, ils bougent et virent au flou.
Que valent les photos de l’iPhone 7 Plus ? Elles sont comparables à celles de l’iPhone 7. Mais le 7 Plus cache un atout maître : un second appareil photo, juste à côté du principal. L’intérêt est qu’il permet de zoomer x2, exactement comme avec le LG G5.
Les amateurs de sport pourront réaliser de meilleures photographies à distance. Les experts noteront qu’on passe de 28 mm à 56 mm, une focale plus adaptée au portrait, puisqu’elle arrondit moins les traits, et ne déforme pas le corps :
Ce zoom x2 fonctionne bien en journée, mais le soir venu, ses clichés sont moins bons que ceux de l’appareil photo principal, doté d’un capteur plus performant et d’un meilleur objectif.
Depuis dix-huit mois, les smartphones Samsung sont la référence en qualité photo. Apple ne rattrape qu’une partie de son retard. De jour, les images de l’iPhone 7 sont plus naturelles que celles du Samsung Galaxy S7. Les zones très lumineuses de l’image contiennent plus de détails. Mais certains préféreront les couleurs vives un brin fantaisistes du Samsung et son rendu plus punchy :
De nuit, le Samsung prend des photographies bien meilleures que celles de l’iPhone : plus lumineuses, plus colorées, plus précises.
Le résultat est d’autant plus étonnant que le Galaxy S7 prend moins de risque que l’iPhone 7. Son objectif reste ouvert 1/10e de seconde, soit 2,5 fois moins longtemps que l’iPhone. Le risque de photographier un portrait flou est bien moins grand.
Et la vidéo ? L’iPhone continue de dominer nettement. Ses films sont beaucoup plus stables.
Musique : une idée absurde
La prise casque de l’iPhone disparaît. Ce connecteur est pourtant le standard incontesté depuis plus de trente ans : tous les appareils électroniques nomades en sont équipés. Comment fait-on pour connecter l’iPhone à un casque, un autoradio, une chaîne hi-fi ? On emploie l’adaptateur fourni par Apple.
L’adaptateur mini-jack vers lightning fourni avec l’iPhone. En cas de perte, son prix est de 9€. | Nicolas Six pour Le Monde
Viendra forcément le jour où cela vous agacera. Deux exemples parmi d’autres. Tous les matins, vous sortez votre casque dans les transports en commun ? « Mince, l’adaptateur s’est détaché, je ne le retrouve pas ! » Vous prenez souvent le train ? « Mince, je ne peux pas recharger mon iPhone, la prise est occupée par mon casque ! » La marque Belkin propose un dédoubleur de prise, mais il est encombrant et coûte 40 euros.
Comment Apple justifie-t-il la disparition de la prise audio mini-jack ? Elle libérerait de l’espace pour la batterie, agrandie. Selon nos calculs, la prise mini-jack de l’iPhone 6S occupe un espace modeste : bien moins d’un centimètre cube.
En blanc, à gauche, la prise casque de l’Iphone 6s, mise à nud par iFixIt. | iFixIt
La batterie de l’iPhone 7, elle, grossit de 2,5 centimètres cubes environ. Conclusion : la disparition de la prise jack a une influence anecdotique sur l’autonomie de l’iPhone. Apple impose une technologie propriétaire, et c’est une tradition pour la firme californienne. Mais plus que jamais, ce changement gêne l’usager au quotidien, sans presque rien apporter. On en viendrait presque à s’interroger sur les motivations d’Apple.
L’iPhone 7 intègre une nouvelle puce audio sans fil, concurrente du Bluetooth. Il est trop tôt pour juger de son utilité, mais il s’agit probablement d’une bonne idée, tant les branchements Bluetooth sont une inépuisable source de problèmes. A vérifier.
Nouveau bouton central : un non-événement
Le gros bouton qui figure au bas de l’écran est « la quintessence du design de l’iPhone », selon Jony Ive, chef du design d’Apple. Et c’est vrai : cette touche permet de revenir à l’écran d’accueil en un clic, manœuvre limpide et rassurante. Ce bouton mécanique est remplacé par un faux bouton, une touche qui ne s’enfonce pas.
Nicolas Six pour Le Monde
Mais Apple a bien fait les choses. Lorsqu’on presse cette touche, on a l’étrange sensation d’appuyer sur un vrai bouton. Une majorité d’utilisateurs s’y laissent prendre, mais tout est fait pour qu’ils s’habituent. La nouvelle touche est sensible à la pression : il faut appuyer fort pour l’activer, comme sur un vrai bouton. L’iPhone émet une vibration nette pour confirmer le clic, et suprême ruse, ses haut-parleurs diffusent le son infime que l’ancien bouton générait. Ces informations sensorielles sont suffisantes pour que chacun oublie vite ce bouton virtuel. Selon Apple, cette nouvelle touche prend moins de place et résiste mieux à l’usure. L’évolution paraît sensée.
De plus en plus geek
Apple a longtemps caché les fonctions complexes de l’iPhone, seuls les débrouillards pouvaient les dénicher. Depuis quelques années, l’iPhone multiplie les entorses à ce principe pourtant remarquable. Depuis 2013, un lecteur d’empreintes digitales est posé directement sur le bouton central de l’iPhone. C’est à la fois une très bonne idée – les débrouillards déverrouillent leur mobile de façon sûre et rapide – et une fonction agaçante – d’autres utilisateurs sont régulièrement forcés de faire trois essais avant d’ouvrir leur mobile. Depuis un an, l’écran de l’iPhone est sensible à la pression, ce qui permet d’accéder plus rapidement à certaines commandes :
Mais à cause de lui, il devient pénible de ranger ses applications. Le nouveau logiciel central de l’iPhone, iOS 10, lancé il y a quelques jours, complique aussi l’usage de l’iPhone. L’application de messagerie devient exagérément complexe pour les non-geeks. Et à gauche de l’écran, on voit apparaître des cartes d’information, qui ressemblent étrangement à celles de Google Now. Une petite trahison de plus à l’esprit originel d’Apple, qui se résume ainsi : « less is more », c’est-à-dire « moins (de fonctions, de boutons, d’informations) c’est mieux ». L’iPhone serait-il contaminé par l’esprit geek d’Android ?
Plus cher ?
L’iPhone 7 coûte 20 euros de plus que son prédécesseur, mais sa mémoire grandit : 32 Go contre 16 Go. Une mémoire 16 Go est un mauvais choix : elle sature vite et force à faire le ménage. Mais une mémoire de 32 Go peut suffire si l’on n’est pas grand consommateur de vidéos ou de jeux. Le nouvel iPhone coûte donc plutôt moins cher. Sur une durée de cinq ans, le prix de l’iPhone a progressé au même rythme que le taux de change euro-dollar : + 15 %. On peut soutenir que le prix des iPhone n’a pas augmenté, mais en réalité, il aurait probablement dû baisser. En cinq ans, le tarif d’un smartphone correct a été divisé par deux, passant de 350 euros à 170 euros environ.
Un look usé ?
Le dessin de l’iPhone ne change presque pas, mais deux nouvelles couleurs font leur apparition : un noir mat et un noir laqué qui réfléchit la lumière comme un piano de concert.
Nicolas Six pour Le Monde
C’est beau, mais le noir laqué se griffe très facilement, même quand on en prend grand soin. Il faut lui offrir une coque, ce qui a pour effet de masquer presque entièrement la partie laquée du smartphone. Impossible alors de le différencier du modèle noir mat. Mieux vaut opter pour ce noir-là, moins brillant certes, mais qui se raye beaucoup moins facilement. On pourra l’exhiber sans coque. Son revêtement en aluminium absorbe la lumière, l’effet visuel est frappant, nettement plus spectaculaire que l’aluminium gris foncé de l’iPhone 6S.
Nicolas Six pour Le Monde
En deux ans, le dessin de l’iPhone s’est banalisé, son pouvoir d’attraction faiblit. Mais chez Apple, un bon design ne change pas si les ingénieurs n’ont rien de mieux à proposer. Et à bien des égards, le dessin de l’iPhone 7 reste un modèle. Ses bords très arrondis le rendent facile à manipuler et agréable en main. Sa coque en aluminium aéronautique est plus solide que le verre fragile des Samsung. Ses bords sont plus larges que ceux des Samsung et c’est une bonne chose : cela permet de l’attraper plus facilement, sans appuyer par mégarde sur un bouton, ou sur l’écran, comme avec un Samsung.
En résumé
L’iPhone progresse à petits pas, son look n’évolue presque pas, mais il demeure un smartphone remarquable. Un excellent outil doit-il changer de forme tous les ans ? Les smartphones sont arrivés à maturité et leur progrès ralentit, c’est parfaitement normal. Malheureusement, plusieurs innovations mineures introduites par Apple depuis cinq ans rendent l’iPhone un peu moins simple.
Beaucoup d’entre nous manipulent l’iPhone 7 avec un peu moins de sérénité que l’iPhone 5 en son temps. La disparition de la prise casque n’arrange rien, elle risque d’agacer des dizaines de millions d’utilisateurs. Pour le consommateur moyen, l’iPhone 7 demeure le meilleur smartphone, mais l’écart avec ses poursuivants n’est plus aussi spectaculaire que jadis. Chaque année qui passe rend son tarif plus difficile à justifier.