On peut donc encore hésiter sur le meilleur jeu de football du marché. C’est le principal enseignement d’une cuvée 2016 étonnante, entre un FIFA 17 sorti le 29 septembre, solide, pléthorique et réaliste d’un côté, et un PES 2017 disponible depuis le 15 septembre, davantage centré sur le plaisir de jeu, le spectacle et l’art de la construction.

Pour les habitués de FIFA 16 – les plus nombreux –, FIFA 17 offre évidemment la solution de la continuité : le jeu se joue de la même façon que les précédents, les principales différences tenant à un changement de commentateur (Pierre Ménès remplace Franck Sauzée), un nouveau mode scénarisé (« Aventure », où l’on incarne un jeune du centre de formation de Manchester United), et enfin le rythme du jeu, qui a été considérablement ralenti.

FIFA 17 - The Journey - Official Trailer
Durée : 01:54

De son côté, PES 2017 se présente comme le choix de la radicalité : celui d’un contenu bien plus chiche, à l’image des nombreux noms officiels de clubs manquants, comme Chelsea ou le Real Madrid, mais d’un retour à un style de jeu plus direct, plus dynamique, tout en combinaisons improvisées et en frappes puissantes. Les vétérans retrouveront leurs marques : le jeu évoque les plus belles années de la série.

La remontada de Konami

Petit retour en arrière. Pour les joueurs des années 2000, il n’a longtemps fait aucun doute : Pro Evolution Soccer (PES), la série du japonais Konami, était unanimement considérée comme la référence sur PlayStation 2, face à des FIFA sans épaisseur. PES 6, en 2006, avait même été le produit culturel ayant généré le plus d’argent en France. Et puis en 2007, badaboum.

Le FC Barcelone est l’équipe star de PES 2017. | Konami

Konami rate la marche des consoles de nouvelle génération, tandis que son concurrent américain Electronic Arts, avec son studio canadien de Vancouver, fait table rase du passé pour lancer sa première vraie simulation, méticuleuse, ambitieuse et réaliste, dans FIFA 08, marquant le début d’une nouvelle ère. Signe du renversement de rapport de force, FIFA 15, à son tour, a été le produit culturel le plus profitable de France l’an passé. Sauf que depuis deux ans, à défaut d’avoir retrouvé son succès commercial, PES a fait sa révolution.

Déviations rapides contre possession lente

C’est manette en main que la différence est la plus impressionnante. A l’inertie très appuyée de FIFA 17, au rythme ronronnant, la simulation de Konami oppose un jeu de passe rapide, tout en déviation et en prise de risques. Pour les amateurs de tiki taka, de beau jeu et d’Iniesta, il est désormais le plus plaisant à jouer. C’est aussi le plus stimulant, le rythme soutenu des parties, les enchaînements de passes laser et le pressing oppressant de l’équipe adverse obligeant à rester constamment en mouvement.

PES 2017 Gamescom Trailer
Durée : 02:46

A l’inverse, le jeu d’Electronic Arts semble plus mou et passif. La faute à des passes en première intention très souvent imprécises, même avec un joueur supposé bon collectivement. La faute aussi à des blocs-équipe très regroupés mais plus statiques, avec un pressing peu concluant et des milieux de terrain trop faciles à passer. Enfin, s’il est possible d’appuyer davantage ses passes, cela requiert des combinaisons de touches à la complexité fort peu utile – PES 2017, avec un seul bouton, gère très bien toutes les gammes de force.

Le constat diffère en revanche dès que l’on s’approche de la surface adverse. Les attaquants d’Electronic Arts s’accommodent de phases de finition plus variées, et les buts gag ne sont d’ailleurs pas rares. Les gardiens du jeu d’Electronic Arts ont par ailleurs mille petites animations plus crédibles et variées que PES, qui rendent les situations plus imprévisibles. Cela n’ôte pas le plaisir de marquer dans le titre de Konami, mais celui-ci est davantage lié à l’efficacité des centres au cordeau et à la puissance des frappes. Mis côte à côte, les deux jeux se valent, et la différence se joue surtout sur des détails de préférence personnelle, entre un jeu de construction plus direct ou de possession plus lente.

Electronic Arts, prime au contenu

En termes d’emballage, les deux simulations font là aussi jeu quasi égal. La reconstitution des stades et de leur ambiance, l’effet « retransmission TV » ainsi que les expressions des joueurs sont nettement plus réalistes côté FIFA. Mais le physique des footballeurs, la mise en scène des ralentis et la qualité des commentaires penchent assez largement du côté PES. Et ce n’est pas Pierre Ménès, monotone voire inaudible, qui modifie la donne face à l’excellent duo Grégoire Marmotton – Darren Tullet, bien connu des habitués de Canal +.

Si Electronic Arts reste toutefois imbattable, c’est sur le contenu du jeu. Championnats japonais, brésilien, norvégien, sahoudien, turc, australien, mexicain, coréen ou encore argentin s’ajoutent aux cinq grands classiques (France, Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie). S’y ajoutent par ailleurs une quinzaine de sélections féminines. PES 2017, en revanche, ne compte guère que la Ligue 1 comme championnat sous licence officielle : pour le reste, il doit se contenter de nombreux faux noms. Maigres consolations : l’exclusivité de la licence officielle de la Ligue des Champions, un plus grand nombre de sélections nationales (comme l’Islande, absente de FIFA 17), et surtout une dizaine d’anciennes équipes légendaires de Barcelone.

D’une manière générale, Electronic Arts dispose d’un budget de production bien plus conséquent, et cela se sent, que ce soit dans les droits des équipes, le nombre de commentaires enregistrés ou dans la profusion de détails des animations. Sans oublier ce mode aventure certes assez scolaire, mais qui offre une approche narrative inédite. L’intégration du jeu dans le calendrier réel est par ailleurs plus poussé, que ce soit par la mise à jour automatique de la forme des joueurs, les anniversaires, ou tout simplement le nombre de modes de jeux différents – qui donnent parfois au menu principal une allure d’usine.

PES 2017 se rattrape par des menus plus élégants, des modes carrière moins nombreux mais qui s’éparpillent moins – gestion d’un club, d’un entraîneur ou d’un joueur. Et, accessoirement, par une communauté en ligne moins toxique, moins susceptible de se déconnecter en cours de partie dès qu’elle se retrouve menée de deux buts. Selon un adage bien connu, à ce niveau de compétition, tous les détails comptent.

En bref

FIFA 2017, c’est plutôt pour vous si…

  • … vous avez passé 460 heures sur FIFA 16, c’est génial
  • … la fidélité à la réalité est primordiale pour vous
  • … vous pensez que « PES 6 » est un plan épargne santé à 6 %
  • … de toute façon vous voulez incarner Gignac dans son club mexicain des Tigres.

PES 2017, c’est plutôt pour vous si…

  • … vous avez passé 460 heures sur FIFA 16, au secours
  • … vous êtes nostalgique de l’âge d’or de PES
  • MD White contre Hampshire Red, ça vous parle
  • … vous savez très bien que le vrai Ballon d’Or 2010, c’est Iniesta

Les notes de Pixels :

  • FIFA 17

Réalisme (8)
Commentaires (4) - Graphismes (7) - Animations (8) - Ambiance sonore (8)
Licences (9) - Contenu (8) - Modes de jeux (8)
Construction (5,5) - Variété (7) - Spectacle (5)

  • PES 2017

Réalisme (7)
Commentaires (7) - Graphismes (7,5) - Animations (6) - Ambiance sonore (6)
Licences (4) - Contenu (6) - Modes de jeux (7)
Construction (9) - Variété (7) - Spectacle (8)