Sciences Po s’affirme comme une « business school »
Sciences Po s’affirme comme une « business school »
Par Adrien de Tricornot
L’institution de la rue Saint-Guillaume va regrouper et développer, sur son campus parisien, ses formations en gestion et en communication, au sein d’une « Ecole du management et de l’innovation ».
Lundi 3 octobre, Frédéric Mion, président de Scicences Po, présente le projet d’ « Ecole du management de l’innovation » entouré de ses deux futurs codirigeants, Marie-Laure Djelic et Benoît Thieulin. | Sciences Po
Traditionnellement tournée vers la formation des responsables du service public, Sciences Po poursuit son repositionnement vers le secteur privé : l’Institut d’études politiques de Paris a annoncé, lundi 3 octobre, le lancement de son « Ecole du management et de l’innovation », à compter de la rentrée 2017.
Concrètement, il s’agira, dans un premier temps, de regrouper à Paris les mille étudiants de ses masters actuels sur ces thématiques ainsi que les activités de recherche et de formation continue de son programme grande école et de son école de communication.
Attirer les étudiants internationaux
A l’heure où trois-quarts (73 %) des diplômés de Sciences Po rejoignent le secteur privé, et 43 % débutent leur carrière à l’international, l’ambition fixée est de former les « entrepreneurs du changement ». L’accent sera mis sur le management, la professionnalisation et la culture de l’innovation, tout en gardant la spécificité de l’institution de la rue Saint-Guillaume, avec une approche par les sciences humaines et sociales et donc d’une sensibilisation aux « humanités numériques », soit les transformations produites par le numérique dans la société.
Si elle s’affirme de plus en plus comme une « business school », Sciences Po entend néanmoins, dans la lignée de son histoire, expliquer la complexité des mutations en cours et envisager la contribution des entreprises au « bien commun ».
Le projet d’école a été élaboré par un comité de préfiguration composé de chefs d’entreprise et d’enseignants, sous la présidence d’Alexandre Bompard, PDG de Fnac Darty. Son but reste d’attirer notamment des étudiants internationaux, qui représentent déjà la moitié des effectifs de Sciences Po. L’école sera aussi largement ouverte aux élèves ingénieurs ou de design ayant passé des conventions avec l’Institut et qui bénéficient d’une « procédure d’accès simplifiée » sur dossier et entretien, a indiqué lundi son président, Frédéric Mion.
Inscrite dans le cursus et le diplôme de Sciences Po, la scolarité au sein de l’Ecole de management de l’innovation coûtera le même tarif qu’actuellement, soit de 0 à 13 500 euros par an, en fonction les revenus des parents (soit 5 000 euros en moyenne).
« Repenser la formation des managers »
Venue de l’Essec, Marie-Laure Djelic, qui va codiriger cette nouvelle école, défend la spécificité de celle-ci en faisant référence aux préconisations de la Carnegie Mellon University aux Etats-Unis : « Il faut repenser la formation des managers qui ne doit plus être fondée sur les seules sciences de gestion mais sur des sciences humaines et sociales transdisciplinaires appuyées sur le secteur professionnel. Les business schools qui ne sont pas adossées à une université ne peuvent pas le faire », souligne-t-elle.
Aux cinq spécialités de masters déjà existantes (finance et stratégie ; economics and business ; organisation et management des ressources humaines ; marketing et études ; communication et industries créatives) s’ajouteront, dans un proche avenir, deux ou trois nouvelles spécialités, notamment autour du numérique.
Selon Benoît Thieulin, qui va passer de la direction de l’école de communication de Sciences Po à la codirection de la nouvelle entité, deux mois de travail sont encore nécessaires pour finaliser le projet et les maquettes des formations. Mais, explique-t-il, le processus de renouvellement des enseignements est déjà lancé, avec par exemple l’introduction récente de cours de codage informatique.
La création d’un « FabLab » est également prévue dans le cadre des nouveaux locaux que Sciences Po est en train d’acquérir et qui pourraient ouvrir en 2018. « J’en rêve ! », sourit-il. Une vraie révolution culturelle : réputés « intellos », les étudiants de Sciences Po pourront, à leur tour, s’initier au « bidouillage » informatique et électronique ou à l’impression 3D, rejoignant une tendance en vogue dans les établissements d’enseignement supérieur, écoles d’ingénieurs comme universités.