Documentaire sur Paris Première à 23 h 05

Maurice Maréchal, le fondateur du « Canard enchaîné », et sa femme Jeanne. | MANUEL COHEN

Voilà cent ans que Le Canard enchaîné, « journal satirique », fait trembler tous les pouvoirs. Chaque mercredi, ses pavés lancés dans la mare politico-économico-judiciaire font toujours des vagues et éclaboussent tout le monde. On ne compte plus le nombre d’hommes politiques, d’industriels ou de juges qui, se croyant au-dessus de tout soupçon, ont pris un gros coup de patte de la part du palmipède pour des affaires de corruption, de détournement de fonds ou de mensonges en tous genres. Son fondateur, Maurice Maréchal, qui avait lancé le journal pendant la première guerre mondiale « contre l’armée, l’Etat et l’Eglise », expliquait la philosophie du journal : « Quand je vois quelque chose de scandaleux, ma première réaction est de m’indigner, la seconde est d’en rire, mais c’est plus difficile. »

Aucun président épargné

Hebdomadaire sans publicité, « ni de droite, ni de gauche mais d’opposition », Le Canard a longtemps été le seul journal à sortir « les affaires ». A travers la chronique de « La Cour », il a dressé un réquisitoire de la politique du général de Gaulle avant de s’attaquer à tous les autres présidents. Valéry Giscard d’Estaing en a fait les frais avec les diamants de Bokassa et une magnifique manchette « Messieurs et mes diams », mais aussi François Mitterrand, qui, bien que proche de l’hebdomadaire, n’échappa pas à ses coups de bec en étant accusé de voyager en « classe affaires ». François Hollande, qui avant l’Elysée était surnommé « le petit rédacteur en chef du Canard », n’a pas non plus été épargné. Sans oublier (entre autres) Raymond Marcellin, piégé par ses micros, Maurice Papon et son passé vichyste, le couple Tibéri et ses arrangements électoraux ou Hervé Gaymard et son appartement de fonction au loyer très modéré.

« Tout finit par se savoir »

A l’occasion de ce documentaire, Le Canard a accepté d’entrouvrir ses portes pour expliquer un tant soit peu le fonctionnement d’un hebdomadaire qui continue à vendre 400 000 exemplaires par semaine. De nombreux responsables politiques (Cambadélis, Bachelot, Lang, Jean-Louis Debré, Roland Dumas, etc.) racontent aussi avec gourmandise leur rapport au Canard. « Le pouvoir fait trembler les têtes, mais tout finit par se savoir », constate, en fin connaisseur, Jean-Louis Debré, cacique gaulliste, ex-ministre et ancien président du Conseil constitutionnel.

Les Cent Ans du « Canard », de Michaël Moreau (Fr., 2016, 52 min).