Coût des études supérieures : la France dans la moyenne européenne
Coût des études supérieures : la France dans la moyenne européenne
Par Séverin Graveleau
Une étude de la Commission européenne sur les frais de scolarité et les aides pour financer ses études met en lumière de fortes disparités selon les pays.
Campus de l’université de Stockholm (Suède), où les étudiants ne paient pas de droits de scolarité et dont la majorité d’entre eux recoivent une bourse. | JONATHAN NACKSTRAND / AFP
Pour leurs études de premier cycle (bac + 3) dans l’enseignement supérieur, 100 % des étudiants anglais et portugais paient, alors qu’ils ne sont que 64 % dans ce cas en France et… 0 % en Finlande et en Suède. Dans ce dernier pays, comme au Danemark, près de neuf étudiants sur dix reçoivent en plus une bourse de l’Etat pour faire leurs études… gratuites donc. Les frais de scolarité et les systèmes d’aide aux études supérieures mis en place dans les pays européens sont très divers, montre l’étude Eurydice de la Commission européenne, rendue publique à la fin du mois d’octobre.
Si l’on se penche sur le coût des études pour l’année 2016-2017, en premier cycle, comptez plus de 5 000 euros pour étudier en Angleterre, 0 en Suède et entre 1 000 et 3 000 euros en Espagne, en Italie ou au Portugal. La France occupe une position moyenne, avec un coût qui se situe entre 100 et 1 000 euros.
Droits de scolarité (fees) selon les pays – 2016-2017. | Eurydice
« La seule description des droits de scolarité selon les pays ne suffit pas pour comprendre les politiques en la matière », expliquent cependant les auteurs de l’étude. Pour cela, il faut se pencher sur la « combinaison des frais de scolarités et des aides financières ». Les quarante-deux systèmes éducatifs qu’elle analyse ont tous mis en place des mécanismes d’aides directs, de type bourses d’études subventionnées ou prêts préférentiels pour les étudiants. La moitié d’entre eux fournissent en plus des aides indirectes, de type allocations familiales ou déductions fiscales.
Parce qu’elles sont un « élément important », tant dans la perception qu’ont les étudiants de leur sécurité financière que dans l’investissement direct des gouvernements pour leurs études, les auteurs ont choisi, entre autres, de comparer les pays selon le double critère droits de scolarité-bourses d’étude.
Dans l’infographie ci-dessous, Le Monde a choisi d’en mettre dix en avant :
L’étude d’Eurydice classe les pays dans quatre catégories, dont deux sont importantes à relever. Il y a d’abord les pays (en bas à droite de l’infographie ci-dessus) qui combinent un faible taux d’étudiants qui paient leurs études avec un fort taux de bourses. Autrement dit, les étudiants du Danemark, de Finlande, d’Ecosse ou encore de Suède sont dédommagés pour effectuer des études gratuites ou presque.
« Cette approche indique un investissement public important dans le soutien aux étudiants, auxquels il apporte une forte indépendance économique », explique l’étude. Les bourses accordées peuvent en plus aller de pair avec des prêts financiers avantageux, comme c’est le cas en Suède.
Selon les pays, les bourses (grants) aux étudiants ou les prêts bancaires (loans) avantageux sont favorisés – chiffres 2016-2017. | Eurydice
A l’autre extrémité, se situent les systèmes où une majorité d’étudiants doit mettre la main à la poche et où les boursiers sont peu nombreux. C’est le cas de l’Italie ou encore de l’Angleterre qui, depuis septembre, alors que 100 % des élèves y paient leurs études, ne leur proposent plus du tout de bourses d’études. Des prêts bancaires avantageux s’y substituent désormais.
Pour cette catégorie, les auteurs de l’étude notent que la situation « rend les étudiants dépendants du soutien financier de la famille ou d’un travail » en parallèle des études. Et est donc, peut on imaginer, potentiellement plus inégalitaire.
Avec 64 % d’étudiants qui paient leurs études et 36 % aidés par des bourses, la France se situe à nouveau dans une position moyenne, à mi-chemin entre l’Angleterre et la Suède.