L’Alliance Française à Gaborone, au Botswana. | Alliance française

La Fondation des Alliances françaises a décidé de prendre le taureau par les cornes. Créées en 1883, afin de promouvoir la langue et la culture françaises dans ce qui était au départ un contexte colonial, elles se sont développées – elles sont aujourd’hui 817 dans 133 pays et touchent plus de 560 000 apprenants –, mais leur croissance s’essouffle dans certaines régions, comme en Europe de l’Est. Elles subissent en outre un peu partout la concurrence de nouveaux acteurs privés et d’autres langues – l’anglais, bien sûr, entre autres. Elles doivent surtout s’adapter à l’ère numérique et se moderniser, y compris dans leurs locaux.

Un emprunt de 3,5 millions d’euros et des levées de fonds

Président d’une fondation créée en 2007 pour coordonner ce réseau important mais disparate, Jérôme Clément a annoncé, mardi 8 novembre, un ambitieux plan de développement à l’horizon 2020, financé en partie par un emprunt de 3,5 millions d’euros et par des levées de fonds. Il vise notamment à implanter un dispositif d’apprentissage en ligne, à former 500 enseignants par an (sur 7 900), à instaurer une plate-forme de projets culturels, et à ouvrir dix à quinze nouvelles alliances françaises chaque année.

Si le français n’a plus guère la cote, depuis la chute du mur de Berlin, en Pologne, en République tchèque ou en Bulgarie, les perspectives de développement sont en revanche encourageantes en Chine, où « l’on crée une Alliance par an », indique l’ancien président d’Arte, mais aussi en Inde, où elles existent dans seize villes, en Ukraine, en Tunisie et même en Espagne. L’accent sera mis, ajoute M. Clément, sur l’Afrique, « le plus grand réservoir de population francophone ».

L’Argentine détient le plus grand nombre d’apprenants

Actuellement, c’est l’Argentine qui détient le plus grand nombre d’apprenants (plus de 37 100), suivie par le Pérou (35 300), le Brésil (30 170), la Chine (28 300), Madagascar (28 100) et les Etats-Unis (25 800). Ce dernier pays possède le plus important réseau, avec 110 alliances souvent financées par des dons, mais elles sont de petite taille et confinent plutôt aux clubs. Les Alliances de France, dont celle du boulevard Raspail à Paris, ont subi, selon son directeur Franck Desroches, le contrecoup des attentats : leur nombre d’inscrits (23 300 au total) est en baisse. L’Alliance de Paris a d’ores et déjà investi dans un Mooc « cours de français langue étrangère », qui a connu un bon succès sur la plate-forme FUN (70 000 inscrits), et dont une nouvelle édition est proposée.

« Nous voulons faire du français une langue de combat », indique le secrétaire général de la Fondation, Bertrand Commelin. Jérôme Clément renchérit :

« Dans un monde tenté par le repli identitaire, les Alliances ont un rôle unique à jouer par les valeurs de tolérance et d’ouverture qu’elles véhiculent à travers notre langue et notre culture. »

Un nouveau site, une page Facebook dédiée, un compte Twitter viennent d’être lancés pour fédérer les Alliances, leurs actuels inscrits et leurs anciens élèves. Sur le site, chacun est invité à relever des défis ludiques avec le correspondant étranger qui lui est attribué. L’objectif est d’atteindre au moins « un million d’amis » et d’en faire autant d’« ambassadeurs ».