Julien Doré, en octobre à Paris. | Eric Dessons/JDD/Sipa

Après le succès de Løve (2013), de son tube Paris-Seychelles et de la tournée marathon qui a suivi, Julien Doré a eu besoin d’isolement. Pour donner naissance à son quatrième album studio, le chanteur de 34 ans s’est donc retiré dans la maison familiale de Saint-Martin-Vésubie ­(Alpes-Maritimes). Le calme grandiose du Mercantour lui a inspiré quatorze chansons au charme apaisé. Baptisé &, l’album s’est directement hissé en tête des ventes, ­notamment grâce au premier single, Le Lac. Dans le clip, on le voit parcourir la planète sur sa minimoto avant de rejoindre Pamela Anderson. S’il n’a donc rien perdu de son humour, ce végétarien convaincu n’hésite plus à injecter dans ses textes les convictions qui sont les siennes.

Quelle époque auriez-­vous aimé connaître ?

Demain… C’est un espoir ­démesuré. Mais excitant.

Une image de notre époque ?

L’exaltation du vide et du cancan. Nous vivons une époque qui aime réveiller l’écho et se plaint de ne pas arriver à le faire taire.

Un son de notre époque ?

Le commentaire. Qui éructe un avis sur tout et n’importe quoi en permanence. La parole, le langage et l’échange ont laissé la place au commentaire.

Un film ou un livrede notre époque ?

La Part du colibri, de Pierre ­Rabhi [L’Aube, 2011], qui traite du devenir de la planète et de notre espèce. Essayer, à sa propre échelle, de toujours faire sa part, si infime soit-elle. Tentative vitale dans ­l’accélération programmée de l’extinction de notre espèce sur cette planète.

Un slogan/hashtag ?

#Utopie

L’utopie est un mot toujours condamné, snobé, accueilli avec sarcasme et cynisme. Or, l’utopie est souffle de vie, toute grande chose est née, au départ, d’une saine utopie.

Une expression agaçante ?

« C’était mieux avant… »

Le refuge de la nostalgie est ­effrayant. Il enveloppe d’une caresse douce et mielleuse mais plonge l’esprit dans un grand sommeil conscient. Une façon rassurante de ­détourner la tête du présent en fuyant l’implication et la part d’action qu’il nous propose.

Un personnage ?

Pinocchio.

Un bienfait de notre époque ?

Devoir arrêter d’attendre et faire soi-même.

Le mal de l’époque ?

Le pouvoir généré par la peur. Le combo parfait, le kit ­de randonnée pratique pour toute tentative de domination d’un être sur les autres.

C’était mieux avant, quand…

… nous espérions.

Ce sera mieux demain, quand…

… l’homme aura compris qu’il n’était que de passage.