Césarienne, amygdales, appendicite… Des opérations plus ou moins fréquentes selon les départements
Césarienne, amygdales, appendicite… Des opérations plus ou moins fréquentes selon les départements
Par François Béguin
Pour la première fois, le ministère de la santé publie un « atlas des variations de pratiques médicales ». Reste à en comprendre les raisons.
Avec 150 interventions pour 100 000 habitants en 2014, les habitants de Charente-Maritime, du Nord ou de Gironde ont trois fois plus de chance de subir une ablation des amygdales que ceux résidant dans les Alpes-de-Haute-Provence, la Creuse ou les Hautes-Pyrénées, où ont été pratiquées moins de 50 interventions pour 100 000 habitants. Un écart parmi d’autres (césariennes, thyroïdes, appendicites), qui devrait susciter des interrogations chez les patients comme chez les professionnels de santé.
Il figure dans l’« atlas des variations de pratiques médicales » publié jeudi 24 novembre pour la première fois par le ministère de la santé, l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation et l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Si des études avaient déjà été menées sur ce thème, elles n’avaient jamais été réunies au sein d’un atlas unique.
« On cherche à interpeller les professionnels pour qu’ils analysent leurs pratiques », explique-t-on au ministère de la santé. « Lorsqu’elles ne sont pas justifiées par le besoin des patients », ces variations « posent un problème de nature éthique, thérapeutique et économique », font valoir les responsables scientifiques de l’atlas.
Pas d’explications claires
Rien dans l’étude ne vient clairement expliquer les raisons de ces variations dans dix opérations courantes, principalement la chirurgie bariatrique (réduction de la capacité de l’estomac pour les personnes obèses), celle de la tumeur bénigne de la prostate et celle du syndrome du canal carpien.
Quelles sont les hypothèses ? D’une intervention à l’autre, la variabilité s’expliquerait par des différences géographiques dans les pathologies (on ne souffre pas des mêmes maux au nord et au sud de la France), par les caractéristiques de l’offre de soins (nombre de médecins dans le département, accessibilité des hôpitaux…), que par les pratiques des chirurgiens (la chirurgie n’est pas enseignée de façon identique à Marseille et à Lille).
Pour expliquer que la Haute-Corse pratique trois fois plus d’opérations pour des fractures de la hanche que la Guadeloupe, les auteurs de l’étude évoquent donc sans plus de détails les « différences locales d’organisation de l’offre de soins » et la « prévention des chutes et de l’ostéoporose chez les personnes âgées ».
« La question des excès traitée par l’Assurance maladie »
Les variations des chiffres pour la prothèse du genou (plus de 200 opérations pour 100 000 habitants dans le Bas-Rhin et les Vosges, contre moins de 90 pour les départements d’outre-mer) seraient elles en partie liées « l’état de santé de la population, notamment le taux d’obésité ».
Rien en revanche ne vient éclairer pourquoi la Guyane, les Alpes-de-Haute-Provence, la Lozère et la Haute-Corse (plus de 23 séjours pour 100 naissances) pratiquent beaucoup plus de césariennes que l’Yonne, le Loire-et-Cher, le Doubs, la Guadeloupe, le Jura et la Haute-Saône (moins de 15 pour 100 naissances).
« Il n’y a pas de jugement dans cette étude, précise le ministère de la santé. Là où il y a le plus d’interventions, cela ne veut pas dire qu’il y en a trop. La question des excès est une autre question, traitée par ailleurs par l’Assurance maladie. »