A La Havane, les Cubains commencent à rendre hommage au « Comandante » Fidel
A La Havane, les Cubains commencent à rendre hommage au « Comandante » Fidel
Le Monde.fr avec AFP
L’hommage national de neuf jours a débuté, lundi, sur la célèbre place de la Révolution. Il culminera avec les funérailles, prévues dimanche à Santiago de Cuba.
De vibrants hommages au père de la révolution cubaine
Durée : 03:26
Comme un dernier hommage, des milliers de Cubains ont commencé à affluer, lundi 28 novembre, place de la Révolution à La Havane. Des centaines, voire des millions de personnes devraient se presser sur cette vaste esplanade de 72 000 m2 où Fidel Castro avait l’habitude de tenir d’interminables discours, immanquablement dirigés contre l’ennemi « impérialiste » américain.
Ce rassemblement marque le début d’une semaine d’hommages rendus au père de la révolution cubaine, mort dans la soirée du vendredi 25 novembre. Ecoliers, militaires, vétérans, médecins et infirmiers, douaniers, ils étaient nombreux à porter l’uniforme. Aux alentours, une discrète présence policière était toutefois visible.
Sur le côté nord de la place, le comité d’organisation a placardé un portrait géant de Fidel Castro, qui couvre la quasi-totalité de la façade de la bibliothèque nationale. En mars dernier, Barack Obama fut le premier président américain à poser le pied sur cette place emblématique depuis 1928, dans le cadre d’un dégel amorcé fin 2014 avec son homologue Raul Castro.
« Il m’a donné la dignité »
Lundi, dès 7 h 30 (13 h 30 à Paris), de petits groupes ont convergé vers les trois points d’entrée de la place, où plusieurs centaines de personnes, tous âges confondus, patientaient déjà, certains munis de bouquets de fleurs.
Une poignée d’inconditionnels patientaient depuis dimanche soir. Parmi eux, Lourdes Rivera, fonctionnaire retraitée de 66 ans, avait du mal à réprimer ses larmes. « C’est le père de tous les Cubains, mon papa était mon papa, mais il n’a pas pu me donner ce que [Fidel] m’a donné. Il m’a tout donné, il m’a donné la liberté, il m’a donné la dignité », a-t-elle assuré en ne lâchant pas des yeux son bouquet de glaïeuls.
Luis Modesto Garcia, 77 ans, fait partie des derniers survivants de la guérilla qui porta les castristes au pouvoir en 1959. Il avait rejoint les « barbudos » de Fidel dans les montagnes de la Sierra Maestra à 19 ans. « Fidel fut un père pour tous les combattants, et nous l’avons toujours considéré ainsi. Ce que j’ai appris, je le lui dois. »
« Combattre le système de Fidel Castro »
Depuis la mort de l’ancien dirigeant, vendredi 25 novembre, et jusqu’au 4 décembre, les rassemblements et spectacles ont été annulés. Les incontournables matches de baseball ont été suspendus, les discothèques fermées et la vente d’alcool interdite.
Après deux jours de commémorations, les cendres de Fidel Castro seront transférées dès mercredi de La Havane à Santiago, lors d’une procession qui parcourra sur un millier de kilomètres treize des quinze provinces cubaines. Les funérailles du « Comandante » se dérouleront dimanche à Santiago de Cuba, dans l’est, berceau de la révolution.
Les dissidents politiques ont décidé de rester discrets pendant ces neuf jours de deuil national, en marque de respect mais aussi par crainte des représailles. « On va rester tranquille, même si [Fidel] est le principal responsable de la misère et de l’absence de droits politiques à Cuba », a estimé Jose Daniel Ferrer, opposant « historique » et ex-prisonnier politique.
Passé le deuil, la plupart assurent qu’ils reprendront leur lutte contre le régime de Raul Castro. « Nous allons continuer à combattre le système que [Fidel] a créé. C’est cela, notre véritable ennemi », assure ainsi M. Ferrer.
Si Daniel Martinez, cuisinier de 33 ans, ne porte pas non plus Fidel dans son cœur, il ne cautionne pas pour autant les manifestations de joie d’une partie de la communauté cubaine de Floride (sud-est des Etats-Unis). « Je n’ai rien de personnel contre Fidel, mais je ne suis pas castriste. Sans me considérer comme opposant, je n’aime tout simplement pas ce système, ni avec Fidel, ni avec Raul. Parce que rien ne change ici, rien ne bouge. »
Vidéo : Fidel Castro, 42 ans à la tête de la révolution cubaine
Durée : 06:37