Près du Kremlin, Les Républicains de Moscou jubilent
Près du Kremlin, Les Républicains de Moscou jubilent
Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)
Les partisans de François Fillon étaient réunis dimanche lors d’un banquet à Moscou pour assister ensemble à l’annonce des résultats de la primaire de droite.
Le président de Russie Vladimir Pourtine et François Fillon se rencontrent à Moscou, en 2013. | RIA NOVOSTI / REUTERS
Le banquet vient à peine de s’achever et les premières estimations tombent sur les écrans branchés sur BFM, saluées par des cris de joie « Fillon, président ! » Des petites tapes de félicitations s’abattent sur les épaules de Thierry Mariani qui a le triomphe modeste : « les trois prochaines semaines, on s’installe dans un fauteuil et on regarde le désastre en face », à gauche. Le député des Français de l’étranger, ex-sarkozyste qui a rallié François Fillon en février, est ici dans son élément, à Moscou, qu’il visite au moins une dizaine de fois par an. Et ce soir, dimanche 27 novembre, les partisans des Républicains n’ont pas attendu les résultats définitifs du second tour de la primaire de la droite pour fêter la victoire de leur favori.
Avec deux heures de décalage sur la France, la réunion a eu lieu dans un grand hôtel de la capitale russe, sur la place du Manège, face au Kremlin. Un lieu prestigieux, un menu concocté par un chef français pour une « initiation gastronomique russe » avec bortsch, le potage slave traditionnel, pour 2 500 roubles (35 euros) par couvert, prix d’ami.
Quatre-vingt convives s’y sont retrouvés, aucun partisan déclaré d’Alain Juppé. « Il a voulu rassembler, mais ça, on le fait au second tour de la présidentielle, tranche Annie Cheinine. La primaire, c’était pour la droite, pas pour des bouseux. » Fonctionnaire « en préfecture », elle viendra, sitôt sa retraite acquise dans quelques mois, retrouver son mari en Russie où elle a déjà résidé cinq ans : « Poutine, il est comme il est, mais au moins il fait ce qu’il dit. »
Rapprochement russe
Les partisans d’un rapprochement avec la Russie sont ici et les récents éloges de Vladimir Poutine sur François Fillon, « un professionnel », « un politicien très différent des autres », en a réjoui plus d’un. « Tout ce qui peut nous rapprocher d’une bonne entente me ravit », souligne Alexis Tarrade, chef des LR de Russie.
Et Thierry Mariani en est convaincu : les sanctions européennes infligées à la Russie depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et le conflit dans l’est de l’Ukraine, pourront être levées. « Il suffit qu’un Etat dise non, assure-t-il sereinement, une tasse de thé à la main. François Fillon a toujours été très clair là-dessus. Nos alliés historiques restent les Etats-Unis mais on peut avoir aussi une politique différente avec l’Europe de l’est. »
L’humeur est au beau fixe, les accointances avec l’extrême-droite repoussées. Promus porte-paroles de la section LR de Russie, Alexandre Latsa et Xavier Moreau, ancien officier parachutiste installé comme consultant à Moscou, affichent tout de même des sympathies bien marquées.
« Convictions fortes »
Le premier, de son vrai nom Alexandre Stefanesco, félicitait encore Robert Ménard, le maire de Béziers en butte avec une émission de télévision, sur son compte Twitter quelques heures avant le second tour de la primaire.
Les interventions écrites et filmées du second, installé comme consultant à Moscou, sont reprises sur le site Egalité et réconciliation fondé par le polémiste antisémite Alain Soral. « Deux ou trois personnes bien à droite, avec des convictions fortes, balaie M. Mariani. J’ai moi-même préfacé le livre de Xavier Moreau [Ukraine, pourquoi la France s’est trompée, éditions du Rocher, 2015]. » L’heure n’est pas aux polémiques.
Les tables sont déjà débarrassées, quand le candidat de la primaire victorieux prononce son discours, devant une assistance réduite mais attentive. Les porte-paroles se succèdent sur Perviy Kanal, la première chaîne publique de la télévision russe.
Fillon : « c'est une victoire de fond, basée sur des convictions »
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