Cristiano Ronaldo et un ballon, à Marcoussis, pendant l’Euro 2016 en France | REGIS DUVIGNAU / REUTERS

Cristiano Ronaldo n’a sans doute pas mis les pieds en Irlande depuis 2005, et un match amical perdu par le Portugal à Dublin. Par contre, il y fait transiter son argent, comme le révèle jeudi le site espagnol El Confidencial, s’appuyant sur des contrats publicitaires transmis par le site Football Leaks.

Sise en Irlande, la société Multisport & Image Management (MIM) Limited, créée en 2004, exploite les droits d’image de « Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro » et a signé les contrats le liant à plusieurs multinationales telles que Nike, Unilever, KFC, Konami et Toyota. Le nom de la société irlandaise apparaît aussi, relève El Confidencial, sur le site officiel de la marque de parfums lancée en 2015 par l’attaquant du Real Madrid

Le lien entre MIM et Cristiano Ronaldo était connu depuis 2015 et les premières révélations de Football Leaks, mais on ignorait l’ampleur de son utilisation.

En signant ses contrats via une société sise dans la région de Madrid, Cristiano Ronaldo aurait versé, compte tenu de ses revenus, 43,5 % d’impôt à l’Etat espagnol. Soit 31 points de plus que l’impôt sur les sociétés auquel est soumis MIM Limited en Irlande.

Un porte-parole de Ronaldo a affirmé à El Confidencial qu’il était « conscient de toutes ses obligations fiscales depuis le début de sa carrière, comme peuvent en témoigner les autorités fiscales espagnoles, et ce dans tous les pays où il a résidé », et que tous ses droits avaient « été gérés selon la législation en vigueur ».

Les joueurs du Barça aussi

La délocalisation fiscale des droits d’image est devenue une habitude pour les stars du football, et la justice espagnole y prête une attention particulière. Jusqu’ici, les joueurs du FC Barcelone sont les seuls à avoir été inquiétés.

Samuel Eto’o, lorsqu’il était au Barça (2004-2009), avait mis en place un montage de sociétés pour payer moins d’impôts sur les revenus tirés de l’utilisation de son image. Lui, était passé par la Hongrie. Une deuxième société, espagnole, les déclarait en Espagne, mais ces gains étaient imposés au titre de l’impôt sur les sociétés, inférieur à l’impôt sur le revenu qui aurait dû être payé, selon le fisc.

En novembre, le parquet a requis envers le Camerounais, désormais joueur d’Antalyaspor en Turquie, une amende pour un total de 14,3 millions d’euros et plus de dix ans de peine de prison cumulées.

Lionel Messi et son père ont, eux, été condamnés début juillet à 21 mois d’emprisonnement et à des amendes de 3,7 millions d’euros au total pour fraude fiscale entre 2007 et 2009. Le joueur a fait appel devant la Cour suprême espagnole. Le montage effectué, selon lui, par son père et ses avocats, passait par le Royaume-Uni, la Suisse, Belize et l’Uruguay. Lionel Messi était également bénéficiaire d’une société sise au Panama, comme l’ont révélé les « Panama Papers ».

Le milieu de terrain du Barça Javier Mascherano a également été condamné à payer une amende pour les mêmes raisons.

D’autres personnalités du monde du football ont dribblé le fisc dans leur pays en d’autres circonstances : citons par exemple l’attaquant brésilien Neymar (fraude fiscale en lien avec son transfert), le président du Bayern Munich Uli Hoeness (qui n’avait pas déclaré des revenus boursiers faits en Suisse), ou Diego Maradona en Italie (« oubli » régulier de déclarer ses impôts à l’époque du SSC Naples).

Les clubs ne sont pas en reste : ceux de Premier League, les plus riches du monde, ont diverses techniques, légales ou illégales, pour contourner le fisc britannique. Et 35 clubs italiens sont concernés par l’affaire « Hors-Jeu » lancée par les magistrats transalpins pour sanctionner la fraude fiscale pratiquée lors des transferts de joueurs.