Passe d’armes entre Barack Obama et Donald Trump sur la politique de défense
Passe d’armes entre Barack Obama et Donald Trump sur la politique de défense
Par Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)
Le président sortant a mis en garde contre les « fausses promesses » en matière de sécurité.
Barack Obama, le 6 décembre à Tampa. | MANDEL NGAN / AFP
Comme un vade-mecum à l’attention de son successeur, le dernier discours de Barack Obama consacré à sa politique de défense a pris des accents testamentaires, mardi 6 décembre, sur la base aérienne militaire de MacDill à Tampa (Floride). Entre mise en garde et éloge de son bilan, le président américain a défendu sa vision de la place des Etats-Unis dans le monde. « Etre fidèles à nos valeurs et respecter le droit ne sont pas une faiblesse. Sur la durée, c’est notre plus grande force », a-t-il déclaré.
Barack Obama a une nouvelle fois défendu sa stratégie de lutte antiterroriste, marquée par le rejet de la torture, le recours aux frappes aériennes, l’alliance avec des « partenaires » ou le refus d’envoyer des troupes au sol. Au cours de ses deux mandats, le nombre de soldats en Irak et en Afghanistan est passé de 180 000 à 15 000. Pour lutter contre la « menace meurtrière » persistante du terrorisme, il a aussi adressé un message implicite à son successeur, Donald Trump, critique de la stratégie menée depuis huit ans. « Plutôt que de faire de fausses promesses en affirmant que nous pouvons éliminer le terrorisme en larguant plus de bombes, en déployant plus de troupes ou en nous coupant du reste du monde, nous devons adopter une perspective à long terme face à la menace terroriste et poursuivre une stratégie intelligente », a asséné M. Obama.
Le président élu, Donald Trump, avait déclaré durant sa campagne qu’il avait « un plan » pour combattre l’organisation Etat islamique (EI), puis indiqué qu’après son investiture, il donnerait trente jours aux généraux pour qu’ils lui présentent une stratégie susceptible de « vaincre et détruire » l’EI. « Nous devons, en tant que nation, être plus imprévisibles », avait-il estimé. Il s’était aussi montré favorable aux simulations de noyade pour les prisonniers. Depuis son élection, il a laissé entendre qu’il pourrait évoluer sur ce point, sous l’influence du général James Mattis, nommé à la tête du Pentagone.
« Engagement inébranlable »
La réponse de M. Trump à M. Obama ne s’est pas fait attendre. Lors d’un meeting en Caroline du Nord, dans le cadre de son « Thank You Tour » (tournée de remerciement), le président élu a indiqué que sous la responsabilité de son secrétaire à la défense, présent à ses côtés, « nous allons reconstruire notre armée et nos alliances militaires, détruire les terroristes, faire face à nos ennemis et rendre de nouveau l’Amérique sûre ». « En résumé, on recherchera la paix par la force », a-t-il promis, reprenant l’expression employée en son temps par Ronald Reagan. La politique « du chaos et de l’interventionnisme » doit prendre fin, a-t-il aussi répété, assurant qu’il n’était plus question d’avoir « une armée appauvrie parce que nous sommes présents partout, combattant dans des endroits où nous ne devrions pas être ». « Nous ne voulons plus que des pays profitent de nous », a encore lancé le président élu, sans plus de précision.
Quelques heures auparavant, l’actuel secrétaire d’Etat, John Kerry, s’était une fois encore efforcé de rassurer ses alliés de l’OTAN, inquiets de l’élection de M. Trump. « Le changement d’administration ne changera pas l’engagement inébranlable des Etats-Unis en ce qui concerne nos obligations envers l’OTAN », a-t-il martelé à Bruxelles, lors de sa dernière réunion avant la passation de pouvoir, le 20 janvier. Le président élu a, durant sa campagne, critiqué le principe de solidarité entre les pays membres de l’Alliance atlantique, demandé aux alliés européens d’augmenter leurs contributions financières et estimé qu’ils pouvaient faire davantage contre le terrorisme. « Je crois qu’au bout du compte, le bon sens va prévaloir », a conclu M. Kerry.