Lienemann : « J’ai décidé de ne pas être candidate à la primaire de la gauche »
Lienemann : « J’ai décidé de ne pas être candidate à la primaire de la gauche »
Par Bastien Bonnefous
La sénatrice de Paris veut éviter « un éparpillement des voix » et « regrette » que Montebourg et Hamon n’aient pas entendu ses appels à l’unité.
Marie-Noëlle Lienemann, au Sénat, le 22 mars. | Philippe Brault/Agence VU' pour Le Monde
Marie-Noëlle Lienemann annonce dans Le Monde qu’elle ne sera pas candidate à la primaire organisée en janvier par la Belle Alliance populaire. La sénatrice de Paris, située à l’aile gauche du Parti socialiste, a décidé de se retirer pour éviter « un éparpillement des voix », alors qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon sont eux aussi candidats pour incarner une alternative à la majorité gouvernementale.
Etes-vous candidate à la primaire ?
J’ai décidé de ne pas être candidate à la primaire de la gauche en janvier. La semaine dernière, j’ai lancé un appel à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon pour leur proposer une candidature unique capable de rassembler largement à gauche et de proposer au pays une voie nouvelle et une politique tournant le dos aux dérives libérales qui ont marqué le quinquennat. Force est de constater qu’à ce jour, ils n’ont pas répondu à mon appel. Je le regrette car je reste convaincue qu’au-delà de nos divergences, il est toujours possible de proposer un socle commun d’idées qui répondent aux attentes des Français et aux exigences de justice sociale.
Les candidatures se multiplient à la primaire. Craignez-vous un éparpillement des voix ?
Pour la gauche et pour le PS, l’unité et le rassemblement sont toujours le talisman de la victoire. Chaque fois que nous y dérogeons, l’échec et de difficiles périodes se profilent. Si on veut pouvoir rassembler largement à gauche après la primaire, il faut montrer avant que nous sommes capables de le faire entre nous. Je crains que la volonté de privilégier ce qui nous unit soit étouffée par la mise en avant des différences que chacun a tendance à souligner dans un premier tour de scrutin. Pour ma part, je n’ai pas souhaité que ma candidature contribue à l’émiettement des voix.
Allez-vous soutenir un candidat à la primaire ?
A cette étape non. Je veux garder ma liberté de parole pour pouvoir faire passer des messages. Ma candidature était légitime car depuis le début du quinquennat, j’ai refusé la logique des pactes de compétitivité et de responsabilité, de la loi Macron et de la loi travail, du TSCG (le pacte budgétaire européen), et bien sûr de la déchéance de nationalité… Mais j’ai toujours fait des contre-propositions réalistes, concrètes, adaptées aux nouveaux enjeux de notre époque. Je tiens à remercier les 20 membres du conseil national du PS, les parlementaires, les maires et les élus locaux qui m’ont apporté leurs parrainages qui me permettaient de déposer ma candidature. Je dis à Arnaud Montebourg et à Benoît Hamon que l’union est toujours la meilleure des voies. Ne pas être candidate ne rend ni muette, ni inactive, et je reste l’infatigable combattante du rassemblement. Au second tour de la primaire, je soutiendrai celui qui incarnera la ligne antilibérale et qui permettra la victoire. Et comme responsable du Parti socialiste, je soutiendrai bien sûr le vainqueur de la primaire en janvier.
Avez-vous la crainte que la primaire ressemble de plus en plus à un précongrès du PS ?
Je ne me suis jamais dérobé lors des congrès de mon parti, mais en janvier, les Français attendent une primaire, pas un congrès du PS. Nous avons tous une responsabilité historique. Le monde traverse une période de grande incertitude. On voit bien qu’une alternative est recherchée à la mondialisation libérale. Ne laissons pas les thèses de l’extrême droite et les replis identitaires servir de refuge illusoire au peuple en mal d’espoir. Pour la France, dans cette crise de système, la réponse originale doit venir de la gauche qui défend la République sociale, la relance de notre économie par la hausse des revenus et des investissements, l’égalité des territoires, la défense de services publics forts, la transition écologique et la révolution numérique. La gauche peut et doit être au rendez-vous de l’histoire. C’est la raison pour laquelle nous devons tous être capables de nous dépasser.
Avez-vous subi des pressions pour retirer votre candidature, notamment concernant les investitures aux prochaines élections sénatoriales ?
J’ai eu des pressions multiples, c’est exact. La question des sénatoriales a été évoquée par certains, d’autres m’ont dit qu’il fallait que je me retire parce qu’il y a trop de candidats, mais ces pressions n’ont joué aucun rôle dans ma décision. J’ai fait mon choix en toute liberté et je ne renonce en rien au combat pour mes idées, pour une certaine idée de la France, de la République, du socialisme français et de l’avenir.